L’Italie ? Non, l’Espagne.
Il fait chaud en Italie… et puis… Et on va faire quoi de la petite ? Toi t’aimes
bien l’Italie ? Ah oui, c’est beau. Surtout le sud. Mais le nord, aussi.
Et l’Espagne ? Tout le monde va en Italie. D’ailleurs, ce n’est pas un voyage en Italie, ce sont des Voyages en Italie. Le leur, le tien, le
mien. Probablement à peu près le même, au fond, comme n’importe quel voyage.
Surtout en couple. Un peu fâché, un peu banal, un peu amoureux, mais pas trop.
Il n’y a rien de plus banal dans le dernier Letourneur que l’insignifiance
moribonde que la vie du couple qu’elle peint ; il n’y a pourtant rien de
plus singulier que de faire de ce quelconque odieux, indigeste et exacerbant un
objet de cinéma. Chaque cadre, ordinaire, semble être celui qu’on aurait pu
inventer en quelques minutes, sur un coin de ferry, de son propre voyage. C’est
d’ailleurs une impression agréable, presque familière : celle que tout
ceci a été vécu comme il a été filmé, un road trip devant et derrière la
caméra, sans volonté de mettre trop en scène, comme si la scène n’était
finalement qu’un surplus grossier, vulgaire, prétentieux.
Nait alors une sensation
déplaisante : celle de reconnaître des gestes, des paroles. Comme un miroir.
Un drôle de miroir, certes. Entre l’absurde et la mise en lumière. Une
situation vécue, un lieu commun, comme une évidence, qu’on aurait jamais vu sur
un écran : ces petits déplaisirs, ces petites contrariétés qu’on ne
synthétise même pas, qu’on ne prendrait jamais le temps de transformer en
matière filmique. Pourtant Letourneur, dans cette recherche d’un comique
nouveau, réinvente les formes, retourne les représentations. Voyages en Italie, c’est du Godard 60s
dopé à TripAdvisor, du Rosselini shaké Bruno Dumont, du HSS supplément glace
granita – kitsch, indifférent, drôlissime, dérangeant, monumental et familier.
De film en film, la naissance d’une cinéaste qui est en train d’écrire l’une
des filmographies les plus invraisemblablement jubilatoires du XXIème siècle.
et se souvient du https://streamcomplet.land/ cinéma. La page de vérité n'est redoutée que par ceux qui doivent cacher la vérité.
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