Ceci est un mea culpa. Sachez que ce n'est pas dans mes habitudes de tirer sur l'ambulance, je ne fais jamais de flop, je trouve leur intérêt limité mais j'ai pris un plaisir presque cathartique à écrire ce court dossier, composé de mes pires découvertes de films sortis en 2020. C'est bête, méchant, gratuit, subjectif - j'assume à peine. Les bonnes intentions n'étaient pas au rendez-vous, mais il se fait bon de ne pas oublier que, même dans une année de fin du monde chiante et dégueulasse, même dans une année sans cinéma... et bien on peut toujours faire confiance à Disney, Netflix, Ramzy et quelques pays du tier-monde pour nous sortir de bonnes grosses merdes puantes, et ça c'est quand même cool. Autant je rencontre en ce moment même beaucoup de difficultés, et ce malgré mes rattrapages boulimiques, à composer mon top des meilleurs films, autant déterrer dix bouses et trouver quelque chose sans intérêt à écrire dessus a finalement été d'une facilité presque primitive, comme si j'étais un odieux serpent et que cracher mon venin était un instinct que je n'avais que trop longtemps refoulé... Allez, sortez vos gilets pare-balles, ce soir on ne tire pas à blanc. Enfin si, eux.
Le problème avec les américains, c'est qu'ils jugent les films comme ils font la guerre : réactions impulsives, égoïstes, nombrilistes, mélange de honte et de premier degré ringard. Au fond, les chiens ne font pas des chats. Da 5 Bloods n'est qu'un sujet : c'est un faux-brûlot qui sent la flotte, une fresque vide, une réflexion politique âge mentale six ans qui donne des coups d'épée dans le vent pour se donner des airs de révolution communautaire. Mais aux Etats-Unis, un sujet vaut plus qu'un talent - Moore l'a déjà prouvé bien avant Spike Lee - et donc cet étron fumant s'est fait ériger en comeback christique car il est sorti en plein BlackLivesMatter. 2h30 (putain) de vacances au Vietnam en compagnie de cinq stéréotypes borderline racistes, 2h30 (putain !) de citations lunaires à l'histoire américaine, 2h30 (...) de violons, de punchlines de vieillards, de Jean Reno. Ça fait bientôt vingt ans que Spike Lee enchaîne des productions séniles et rétrogrades, qui traitent du sujet (labyrinthique) de la question de la race aux Etats-Unis avec la subtilité d'un bulldozer conduit par un rhinocéros. Spike Lee, au fond, est peut-être paradoxalement l'une des plus belles matérialisations d'une mentalité américaine radicale et égoiste : il représente exactement ce qu'il critique. C'est un Trump inversé, qui brutalise le spectateur pour qu'il aille dans son sens, n'hésitant pas à user des pires techniques de manipulation émotionnelles pour arriver à ses fins. Discours superficiel, phrases d'accroche héritées du marketing de masse, censure et moquerie de l'opposition idéologique : suffit de gratter un peu. Il n'y a rien. Juste une casserole qui s'agite comme un illuminé pour te dire que si tu trouves que de la merde, noire ou blanche, ça reste de la merde, bah t'es qu'un gros raciste.
Difficile, très difficile de désigner laquelle de ces deux agonies a été la plus longue : celle de ce film mort-né maudit de Josh Boone, tourné quand Obama était encore président ; ou celle, plus diffuse et amère, de la saga X-Men, passée en dix ans de l'intervention salvatrice d'un Matthew Vaughn plus inspiré que jamais à des nanars big budget comme Dark Phoenix, Deadpool 2, ou ce nouvel étron façon épilogue-teasing-relance-ratée, Les Nouveaux Mutants. Le plus triste en fait, c'est que le ratage n'est ni risible, ni profondément physique - il est juste complètement neurasthénique. Un long film chiant, sans relief, sans idées et sans talent, une brochette d'acteurs "générationnels" surestimés, un scénario écrit par un vieux geek ricain lobotomisé à la sauce Marvel. C'est si inintéressant que ça en devient gênant. Comment on peut valider un scénario comme ça ? C'est à se demander ce qu'ils ont fait pendant quatre ans. Probablement de longs mois à regarder leur montage en s'endormant complètement au bout de dix minutes tellement ça ressemble, au mieux, à un pilote de série The CW auquel on aurait ajouté une heure de scènes coupées sans aucun autre but que de faire du temps d'antennes pour les pubs. Pitié, arrêtez. Achevez cette saga. C'est quoi la suite ? Professeur X en EHPAD façon Les plus belles années d'une vie ? Ah mais c'était Josh "Nos étoiles contraires" Boone, en fait. Ça explique peut-être le final rincé au Destop Turbo, ultime tour de faiblesse de ce tour de force d'ennui. Ce n'est même plus un naufrage à ce stade. Le bateau a déjà coulé depuis quatre ans et James Cameron vient filmer l'épave.
J'avoue être fautif : de loin comme de près, dans aucune réalité parallèle un film comme The Prom n'aurait pu me plaire. Aligner le combo Ryan Murphy - Meryl Streep - James Corden - comédie musicale de Broadway, je pense que ça devrait donner une idée de l'enfer si jamais on décide de m'y envoyer, et The Prom ne m'a déçu en rien, comme il ne m'a surpris en rien. Surement qu'il y a au passage une bonne distance culturelle qui fait que ce genre de bouillasse anglo-saxonne à base de références ethnocentriques me passent des miles au-dessus de la tête. Je pense que ma réelle détresse aura été de voir Nicole Kidman cabotiner dans ce purgatoire maladif fait de paillettes en toc, de mauvais goût baveux et de personnages Glee-esque. Ils ont réussi à tout rendre laid, jusqu'à elle. Je me console en me disant que je préfère voir Corden occuper ce genre d'espace cinématographique dont je n'ai que foutre plutôt que d'aller m'insupporter dans des projets qui m'importent. Ne change rien. Cats, The Prom, Emoji, c'est à ton niveau.
Je ne vais parler de la décision de sortir Mulan en VOD. Dans aucun monde une pareille daube ne devrait mériter le nom de film, et encore moins d'être montrée dans une salle de cinéma. Oui, Scorsese a 100% raison. Lynchez moi. Sauf que dans l'échelle du parc d'attraction, là où Infinity War ou Le Livre de la Jungle c'est Disneyworld, Mulan c'est plutôt du Nigloland, avec les manèges rouillés et les grosses peluches que tu connais ni d'Eve ni d'Adam. Mais bon, t'as cinq ans et c'est cool. Enfin bref. Hollywood à l'agonie à l'état pur, au point d'aller sucer la Chine pour faire saucer le box-office. Sauf que les chinois n'en ont rien à foutre, grand bien leur fasse, et que partant de là l'expérience gênante se vit plutôt comme un peu texto bourré de fin de soirée où tu déclares ta flamme à ton crush et qu'elle daigne même pas te mettre un vieux Vu.
Tu sais que si tu castes Ramzy en 2020 dans un film d'action, c'est que t'as de la suite dans les idées. Non mais enfin, qui peut produire un truc pareil ? Ah bah c'est Netflix. Et en plus ça se fait sucer de partout sans vraiment d'autre excuse que c'est un film d'action (???) français. Non mais les gars, si c'est ça qu'il vous faut, je préfère qu'on ne transcende pas le cinéma français. C'est du Fast & Furious début du saga qui ne vole guère plus haut que Taxi 4, sans les blagues de footix du sud mais avec des répliques de gros beauf de PMU. Il y a probablement la scène d'intro la plus indigente de l'année au passage, avec le pauvre Rod Paradot qui s'est trouvé un film qu'aurait pu kiffer le cas social qu'il jouait dans La Tête haute, c'est dire le niveau. Ah si, autre point culminant : la baston dans le commissariat, dont je n'ai toujours pas réussi à situer le degré d'ironie mais qui fait plaisir à voir en ces temps de sécurité globale.
Deux mois de confinement à te rattraper du Kieslowski et du Ozu dans ton lit, tu ressors enfin, tu vas au cinéma la banane jusqu'aux oreilles, et ton premier film c'est Les Mondes Parallèles, parce que t'as la dalle, que d'habitude t'aimes plutôt les japoniaiseries et qu'il avait filé au Festival d'Annecy il y a un ou deux ans. Pourquoi pas, non ? Bon ensuite tu regrettes en cinq minutes, mais tu peux pas sortir parce que t'enchaînes sur un deuxième film juste après, et qu'à part aller regarder les mouches voler sur les marches du cinoche t'auras pas grand chose de mieux à foutre. Rien que pour nous sortir ce genre de truc en salles, on aurait dû les garder fermées un ou deux jours de plus. Quelle indigence. Le genre d'anime qui doit même faire bader les weeaboos tellement rien ne va : tu sais c'est le genre de bazar beaucoup trop complexe au point de n'avoir aucune cohérence, qui du coup choisi de tout t'expliquer en voix off au bout de dix minutes parce que les mecs se sont surement rendu compte que leur truc n'avait de sens pour personne. Ça gueule dans tous les sens comme une porcherie d'idol japonaises avec tout juste une gamme de dix sons, les scènes d'actions sont absolument illisibles, mais bon c'est les seules passages où personne ne parle et que l'histoire fait plus ou moins du surplace, donc c'est logiquement un peu mieux que le reste. Ça reste d'une infinie laideur, attention. Même pas la peine d'y aller à vos risques et périls. N'y allez pas. Tout court. Je sais que t'aimes les anime, mais si tu veux encore les aimer, efface cet objet de ta conscience.
Tu sais en fait, Guns Akimbo, s'il fallait trouver une équivalence, ce serait un peu comme si toi ou moi on retournait au collège en 2020, avec notre casquette Adidas angle 90°, jean taille basse si t'es une femme, tout un répertoire de blagues sur les gays bien sûr, level 200 sur Dofus dans le privé, avec toute la disco de Sexion d'assaut sur ton iPod, à choper des MSN avec tes lunettes de soleil orange de spring breaker façon Cap d'Agde. Guns Akimbo c'est ça. C'est du faux cool hystérique, insupportable, dépassé, vision des jeux-vidéos façon Gamer avec Arielle Dombasle, ça pue la coke et la vodka redbull de dégénéré qui a perdu tout ses neurones en boîte de cas soc'. Lâchez nous, enfin. Avec vos Hardcore Henry, Baby Driver et autres bouses pour fans de Squeezie. Je suis même pas sur que ça fasse bander la team Minecraft de Enzo, 12 ans, voix qui mue et acné volcanique. En plus c'est moche.
Je ne pense pas que j'étais la cible. En fait, la cible de De Gaulle : the motion picture est assez réduite. Je veux dire, on est en 2020, Charles bouffe des pissenlits par la racine depuis un demi-siècle, c'est bon on a compris le message. A part être un boomer de droite qui se paluche sur Les Années bonheur, qui en a quelque chose à foutre de la vie privée de De Gaulle ? En fait si, en soi, déconstruire nos figures modernes quasi-mythiques peut avoir un intérêt ; mais comme Lincoln de Spielberg (qui avait au moins le mérite d'être mis en scène par Spielberg), De Gaulle nous fait bouffer de l'hagiographie à deux francs six sous, écrite comme une éloge funèbre et qui nous répète pendant quasi deux heures au combien De Gaulle c'est un mec qui vaut clairement mieux que toi. Non mais le mec sauve la France ET a une fille handicapée. Qu'est-ce qu'on vaut fasse à un patron comme ça ? Pff. C'est complètement hors-temps, du cinéma de réac nombriliste qui n'a toujours pas compris que pour faire revivre l'histoire, il ne faut pas la lire - comme on nous le fait trop souvent à l'école. Et ce pauvre Lambert Wilson... Je l'aime bien, moi, Lambert. Mais c'est pas tout à fait du contre-emploi, et c'est là où il excelle le plus. Fallait prendre un Chabat. Ou un Ramzy. Non mais imaginez : Eric Judor en Paul Reynaud, Blanche Gardin pour jouer Yvonne, Booder en Debré. Et Ramzy en César, bien sûr. On a le droit de rêver.
2020, année blanche, sauf pour notre ami Ramzy. En fait, je suis même persuadé qu'on pourra remplir un flop des pires films de 2020 avec uniquement des films où il apparaît, sans que ça ne me choque outre mesure. Non mais regardez un peu : Balle Perdue, T'as pécho ?, Les Blagues de Toto, Forte et ce Brutus vs César, plus ou moins la matérialisation de la Ramzyxploitation à son paroxysme total : Ramzy en César, des décors qui feraient passer Alain Resnais pour un naturaliste, des peignoirs et un casting complètement à la ramasse (Thierry Lhermitte et Gérard Darmon à moitié en train d'agoniser à l'écran, le pauvre Youssef Hajdi - qu'on adore toujours malgré ça - en Vercingétorix, et surtout ce malheureux Kheiron, nouveau faux-prodige de la comédie française qui a réussi à saboter ses débuts fanfaroneux en filmant sa diarrhée pour Jeff Bezos). Ça se voudrait le nouveau Mission Cléopâtre, on est plus dans la catégorie Sa Majesté Minor shooté à la cocaïne bon marché (en même temps tout le monde a l'air de se faire tellement chier h24 que ça devait bien tourner). Au moins, on en viendrait presque à revaloriser Astérix aux Jeux Olympiques... Oula, non, attendez. Je commence à dire des conneries.
Imaginez la scène : la place principale de Beaune, ville fleurie quatre étoiles du pays dijonnais, ter-ter de Claude "Turbo" Lelouch. L'action : Ary Abittan, Stéphane De Groodt, et plein d'autres têtes à claques chantent en cœur une horreur à se crever les tympans, quand tout à coup une bombe explose. C'est un attentat. Du sang, des larmes, des dialogues dignes du projet de fin d'année L1 Arts du Spectacle. On y croit, on y est, on le vit. Tout ça filmé à l'iPhone en plus. Bon, on est pas tout à fait chez Sean Baker ou Soderbergh, déjà parce qu'à part rendre ce truc encore plus moche, on ne sait pas trop pourquoi Lelouch a décidé de se lancer dans l'expérimentation technique. Ça pue le dimanche aprèm, ça pue le cinéma complètement dépassé, ça pue le "beauf un jour, beauf toujours". Fini l'époque des rallyes sur les Champs, Lelouch en 2020 c'est des pauvres belges à vélo qui longent le Canal et qui se retrouvent en fond de plan sur le dernier film du dernier des dinosaures du cinéma français. Sauf que bon, Lelouch n'a jamais vraiment été un T-Rex. Et un fossile ça n'a jamais fait peur à personne. Quelle horreur. L'une des plus grandes daubes de la décennie, et on vient de la commencer.
Champs, Lelouch en 2020
RépondreSupprimerpas de mauvais films. En fait, vous pouvez toujours chercher des films https://libertyvf.land/biopic/ parmi lesquels choisir.
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