On a
surtout mentionné les noms de Jason Katims, Aaron Paul et Hugh Dancy lors de la
promotion de The Path – ce qu’on ne
nous avait pas dit, c’est que la première série dramatique de Hulu destinée à
durer plusieurs saisons ne ressemble ni à Parenthood,
ni à Breaking Bad, ni à Hannibal. On pourrait même dire que The Path est une série qui ne ressemble à
aucune autre : rythme exigent, narration flottante, ne mythologie mystique
et discrète, faux-thriller qui ne correspond pas à ses promesses – sur bien des
aspects, on pense à The Leftovers.
Les séries de Lindelof et Goldberg partagent en effet de nombreux points
communs.
Ce
qui peut déconcerter dans The Path, c’est
sa volonté de ne pas faire les choix évidents. On la verrait parfois lorgner
vers le polar, mais elle demeure impassible, bien souvent ambiguë. La secte à
laquelle elle s’intéresse n’est pas un culte oppressant, à base de sacrifices
et de viols, mais une communauté où tous vivent heureux, aidant les autres à
surmonter les épreuves de la vie. Dans The
Path, on n’exploite pas pour des dons, mais pour que tous adoptent cette
vérité – cette vérité farfelue d’un monde parfait où tous vivraient en
harmonie, priant aveuglément devant l’autel d’une mythologie finalement pas si
différente de celles des grandes religions monothéistes. C’est là la plus
grande réussite de la série : la secte, ici, n’est finalement pas si
différente d’une Eglise classique, et c’est de cette affirmation que naît toute
son ambivalence.
Certains
seront peut-être frustrés par ce choix, mais c’est à partir de celui-ci que
Goldberg développe un chemin bien
plus prometteur et original : questionnements religieux, structure
familiale, dépression, corruption de l’idéal utopique ou encore inégalités
sociales. Les thèmes sont vastes ; parfois, ils se piétinent, mais le
propos n’en demeure pas moins bouleversant.
Si
Aaron Paul n’est pas toujours irréprochable (il faut dire qu’on est loin de
Jesse Pinkman), le reste du casting est lui, incroyable. En tête, Hugh Dancy,
dans une composition à la fois effrayante, pathétique et fascinante. Une menace
qui vous veut du bien, un sanglant philanthrope. Mais ce sont des
caractéristiques qui s’appliquent à tous : imparfaits et ambiguës, tous
les personnages de The Path ont deux
visages bien distincts et qui nous font les aimer et les détester dans un même
temps. De par leur innocence, leur hypocrisie ou leur fanatisme, ils dérangent –
une complexité bien trop rare à la télévision.
Difficile
de décrire The Path. Ce qui est
certain, c’est qu’Hulu sera parvenue à proposer une expérience singulière, bien
loin des standards actuels du petit écran. Les méandres psychologiques de The Leftovers couplés à la dramaturgie
familiale d’un Six Feet Under et au
rythme hypnotique d’un Rectify. The Path est une série qui se mérite,
qui ennuiera chaque spectateur au moins une fois mais dont l’intelligence de l’écriture,
de la mise en scène et de la direction d’acteurs en font indubitablement l’une
des nouveautés les plus importantes de l’année. Reste à savoir si on la
retiendra comme un classique ou comme un chef d’œuvre maudit.
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