Mon Top 30 des films de 2019

Mon Top 30 des films de 2019

Fin d'une année, fin d'une décennie. Retour en images, en textes, en sensations et en émotions sur la cuvée cinéma 2019. D'Hamaguchi à Eggers, en passant par Gray et Llinas. Lire plus

Les Misérables

Les Misérables

Vrai-faux La Haine 2019, ce film de son époque est aussi un essai éminement philosophique sur un sujet sociétal majeur : le pouvoir d'une image et ses conséquences. Lire plus

The Irishman

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Des gangsters, De Niro, Pesci, Pacino, une durée gargantuesque et un budget encore plus énorme : The Irishman avait des airs de film ultime pour Scorsese - où est-il justement un peu plus que ça ? Lire plus

The Lighthouse

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Tour de force technique avant tout, The Lighthouse avait sû générer de forces attentes : le buzz passé, le résultat vaut-il un peu plus que le tour de passe-passe égocentrique ? Lire Plus

mardi 16 août 2016

[5ANS] Summer of Spike


Drôle de cinéaste que Spike Lee. Capable du pire (le fade remake de Old Boy) comme du meilleur (son documentaire dantesque sur l'ouragan Katrina), collaborant étroitement avec ses Némésis médiatiques (Tarantino sur Girl 6 ou Samuel L. Jackson sur pas moins de six films) et passé du statut de petit chouchou de la sphère indépendante américaine dans les années 90 et au début des années 2000 à l'image, aujourd'hui, qu'on a d'un pauvre type provocateur qui ne réalise plus que des navets. Du coup, on a tendance à l'éviter comme la peste : mal-aimé des cinéphiles, ignoré par les festivals et les distributeurs, il semble par conséquent important de rappeler une chose  Spike Lee est un réalisateur majeur de l'Hollywood moderne, et ses premières réalisations sont des incontournables.

Spike Lee a un rapport particulier avec la saison estivale. Ce n'est pas pour autant une constante artistique, mais il est étonnant de remarquer que deux de ses meilleurs films (Do the Right Thing, sorti en 1989, et Summer of Sam, sorti en 1999) sont, dans leur concept comme dans leurs emballages, des films d'été. Deux films qui, avec l'excuse de la canicule, racontent New York. Un New York intolérant, tendu, communautariste, où s'affrontent noirs et blancs, afros et italo-américains, opprimés et oppresseurs.

L'été est ici le carburant de la dérive sociale. Les esprits s'échauffent, les corps transpirent, les tensions naissent de simples regards. L'été de Spike Lee, c'est celui d'un monde qui s'embrase. Un feu de forêt en plein centre urbain, mais sans pompiers et sans canadairs. Do The Right Thing et Summer of Sam résument la grande histoire de l'Amérique, celle d'un dialogue de sourds et d'une bataille d'aveugles chevronnés. Il n'est jamais question, dans les films de Lee, de valoriser la position d'un parti ou d'un autre, mais plutôt de dépeindre la fumée étouffante de ce brasier, qui asphyxie tout un pays, toute une population.


Do The Right Thing sort trois ans avant les émeutes de Los Angeles, survenues à la suite de l'affaire Rodney King. D'une certaine façon, on pouvait déjà y entendre un cri de douleur, y lire un appel à l'aide. Spike Lee n'est pas un prophète, mais il comprend ces rues, il sait représenter ces abandonnés de la société. Les polémiques le taxeront de communautariste radical, notamment autour de la définition de the right thing to do (la chose qu'il faut faire). La controverse n'est pas sans fondement, Lee n'est pas très clair dans la morale de son film. En témoigne les textes finaux, citant Martin Luther King et Malcolm X, incitant dans le même temps à la paix, et à la lutte violente.

C'est une contradiction qui peut déranger, elle n'est pourtant pas si naïve. Lee incite à la révolution, et il semble penser que la meilleure solution ce n'est ni la passivité de King, ni l'agressivité de Malcolm X, mais une rencontre de ces deux visions du monde, mesurée, adaptée. Répondre au bâton par le bâton, ne pas tendre l'autre joue, mais ne pas non plus devenir l'oppresseur. Il y a matière à débat, il y a matière à combat : Do The Right Thing c'est de l'huile sur le feu, c'est de la crème solaire qu'on retire. Summer of Sam, prolongement idéologique de cette étude d'une tolérance à conditions, en est finalement la seconde partie indispensable.

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