HANA ET ALICE MÈNENT L'ENQUÊTE (2016)
RÉALISÉ PAR SHUNJI IWAI
AVEC YU AOI, ANNE SUZUKI, SHOKO AIDA
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Étonnante
prémisse que la proposition de Hana et
Alice mènent l’enquête. Prequel en rotoscopie (cette technique d’animation
qui consiste à dessiner en utilisant comme modèle de véritables prises de vue)
d’un film avec des acteurs biens réels sorti il y a un peu plus d’une dizaine
d’année, il est surtout l’œuvre du discret Shunji Iwai, cinéaste japonais
notamment célèbre pour son poétique et énigmatique All About Lily Chou-Chou.
Difficile
de décrire Hana et Alice mènent l’enquête
tant Iwai aborde de nombreux thèmes, empruntant plusieurs pistes qu’il semble parfois
abandonner en cours de route : meurtre, secte, vieillesse, amitié, rumeur,
danse et dépression ; ce sont des sujets étonnement sérieux pour ce qui a
été vendu – en tout cas en France – comme un film tous publics.
Si
on est d’abord pris de cours par l’énergie macabre et l’animation saccadée du
long-métrage, Iwai trouve rapidement une parfaite alchimie. Il puise du
dynamisme dans la simplicité, de la poésie dans l’anecdote bucolique – plus
important encore, il écrit ses personnages avec passion. Les rapports qu’ils
entretiennent sont complexes mais illustrés à merveille, par petites touches de
dialogues ou même de mouvements. C’est ce même mouvement qui rythme Hana et Alice : perturbant de
réalisme, il participe à l’établissement de cette atmosphère
quasi-mélancolique, de ces situations intemporelles, de ce tracé perdu quelque
part entre peinture et photographie.
Tout
est simple, modeste ; l’émotion n’est ni trop grasse, ni trop subtile. Hana et Alice fait de sa retenue le
pilier central de cette symbiose aussi niaise que cruelle, aussi intelligente
que simplette. Une bulle de douceur qui s’agite avant de planer – une mélodie
espiègle qui sait toucher dans la multiplicité de ses terrains de jeu.
Cela
pourrait durer trois heures de plus, on ne trouverait pas le temps de s’ennuyer.
Iwai sait tirer de cette banalité un lyrisme fascinant, il sait tirer de ses
personnages un charme attachant, il sait faire de ces secrets de polichinelle des
mystères enthousiasmants. Comme la vie, cela n’a finalement pas grand sens –
mais là est le cœur de philosophie de
Hana
et Alice. A cet âge, tout est passionnant ; chaque balade en ville est
une aventure épique, chaque rencontre une tempête infernale, chaque amourette le
gouvernail d’une vie.
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