Des
séries en dents de scie, The Walking Dead
est probablement la plus schizophrène. C’est très rare qu’un feuilleton moderne alterne de façon aussi régulière, après six saisons, des
épisodes aussi géniaux et d’autres aussi honteusement mauvais, des réflexions
étonnement profondes sur les causes de la violence et des cliffhangers à classer parmi
les plus ridicules qu’ait connu la télévision. De ses six actes, ce nouveau est
en tout cas le plus paradoxal.
Débutée
en octobre dernier sur des chapeaux de roue avec quatre de ses meilleurs
épisodes (dont le magistral quatrième, probablement le meilleur de toute la
série), cette saison s’est ensuite écroulée pour flirter avec le médiocre. C’est
globalement le goût qu’elle aurait pu laisser si ses trois derniers épisodes n’avaient
pas été de telles insultes vides d’intérêt, de sens, à la limite du foutage de
gueule le plus outrancier. Pour la première fois depuis plus de trois ans, The Walking Dead a touché le fond et y
est resté pendant plusieurs semaines.
C’était
une sensation que l’on pensait avoir oublié, regarder du The Walking Dead catastrophique. Après deux saisons réussies
passées sous la houlette du showrunner Scott M. Gimple, cette saison 6 laisse
un goût amer. Comme si on avait fait des pas en arrières, pour retrouver ces
travers que l’on croyait avoir laissé derrière nous. Que la mise en scène, par
exemple, passe des choix relativement audacieux de cet automne aux effets
nanardesques de ce final, personne ne semble pouvoir l’expliquer. Que l’écriture
passe de l’une des introspections de personnages les plus réussies de ces
récentes années de petit écran, avec un contre-message d’une intelligence
vertigineuse et une construction exemplaire (Here’s Not Here), à un niveau de dialogues si calamiteux au point
qu’ils semblent avoir été écrits par un gamin de douze ans, c’est là aussi une
obscure constatation.
The Walking Dead apparaît comme ayant abandonné
(une nouvelle fois). Et c’est bien dommage quand on voit la qualité qu’elle
avait su reconquérir en 2014, probablement sa meilleure année et de loin.
Aujourd’hui elle est redevenue l’ombre d’elle-même. The Walking Dead est revenue nous emmerder avec ses méchants
cartoonesques sans intérêt, ses intrigues fades qu’elle s’évertue à copier sur
la bande-dessinée dans ce qui semble être une mission de fan service complètement
à côté de la plaque – les scénaristes ne comprenant pas que ce qui pouvait
marcher sur papier ne fonctionnera pas nécessairement sur un écran de
télévision – et ses personnages incompréhensibles. Si il y a six mois
encore, on pouvait défendre The Walking
Dead sans culpabilité, ce serait aujourd’hui un véritable cadeau empoisonné
que d’en vanter les mérites. Du beau gâchis.
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