JEUX D'ÉTÉ (1951)
CYCLE INGMAR BERGMAN
AVEC MAJ-BRITT NILSSON, BIRGER MALMSTEN, ALF KJELLIN
Bien
plus tard, Bergman dira que s’il avait réalisé Le Septième Sceau avec sa tête, il avait cependant réalisé Jeux d’été avec son cœur – bien loin
d’être aussi intellectuel que ses travaux futurs, Jeux d’été est pourtant considéré comme le premier film de la
maturité pour le suédois. Après plusieurs essais plus ou moins fructueux, c’est
effectivement avec ce dixième film que ses thèmes favoris se dessinent plus
précisément : l’amour, la mort, la jeunesse.
Jeux d’été est un film très simple sur
le papier – la résurgence du souvenir mélancolique d’une romance éphémère.
Mélodrame en deux temporalités, procédé qu’il avait déjà utilisé précédemment
dans La Fontaine d’Aréthuse, c’est
pourtant davantage avec les films suivants du cinéaste qu’il faut tracer un parallèle.
Il y a cette violence psychologique étouffée, l’impossibilité de l’idylle
amoureuse et la tragédie de la mort. En soi, même si Jeux d’été ne brille jamais vraiment de par son écriture, parfois
facile dans ses effets dramatiques, il permet cependant d’entrevoir ces pistes
d’un regard plus humain.
Mais
là où le film de Bergman trouve tout son intérêt, c’est dans sa mise en
scène : contrastes de lumières créant une polarité incroyable de la
pellicule, talent unique pour filmer ces différents personnages dans leur
intimité. Bergman, s’il est un cinéaste de la lumière, est aussi un artisan du
plan rapproché – toujours bien placé, toujours fort et dévastateur dans
son contexte précis.
Un
Bergman presque mineur, mais l’intelligence de l’émotion, de sa dramaturgie et
d’une réalisation rigoureuse font de ces amours estivaux une magnifique
peinture de l’innocence, de la jeunesse et, accessoirement, des regrets qu’ils
entraînent. Bergman donne à son expérience personnelle une résonance
universelle – chacun reconnaîtra un peu de sa personne dans cette naïveté, dans
cette sensibilité rafraîchissante et pourtant si terrible.
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