Mon Top 30 des films de 2019

Mon Top 30 des films de 2019

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Les Misérables

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The Irishman

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mardi 8 décembre 2015

The Leftovers - Saison 2


SAISON 2 HBO
Créée par Damon Lindelof, Tom Perrotta
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Ils sont partis, on ne sait pourquoi. Mais les vrais disparus ce sont ceux qui restent. C’est sur cette réflexion que s’est développée The Leftovers. Déjà l’an dernier, le nouvel objet télévisuel non identifié d’HBO – que n’aurait pas renié un David Milch de la grande époque – divisait la critique et le public. Construction en tableaux, expérimentations narratives, contemplation planante d’une communauté-monde qui se reconstruit. Pour ce second acte pourtant, le virage est encore plus total, brutal, ampoulé, stratosphérique – incroyable ?


C’est sur une nouvelle musique que s’ouvre la reprise de la création de Lindelof. Des silhouettes découpées dans des scènes du quotidien ; des nuages de poussière et de fines gouttelettes recouvrant ces formes fantomatiques sur un doux son de country folk nous rappelant de les oublier une fois pour toute. On est bien loin des fresques michelangelesques de l’an dernier ; même le cadre semble s’évaporer pour un autre, laissant tomber les périphéries new-yorkaises pour successivement s’envoler pour la Préhistoire et pour le Texas.
Dans les esprits de tous les personnages, un 14 octobre. Il pourrait s’agir d’un 13 novembre, d’un 11 septembre ou d’un Vol Oceanic 815. Nul ne doute qu’une actualité plus ou moins lointaine se trouvait dans la tête des scénaristes de The Leftovers lors de son écriture ; mais il ne faudrait pas en oublier la profonde universalité. Pourquoi eux et pas moi ? Où sont-ils tous partis ? Il ne faut pas chercher une réponse définitive aux questions en apparence narratives que pose Lindelof et son équipe ; car elles n’en sont justement pas. The Leftovers est un travail sur l’allégorie, une réflexion en miroir sur le deuil, sur la mort, sur la tragédie et sur la fissure institutionnelle.
Derrière tous ces regards se cachent des blessures intimes ineffaçables, chacun les soignant à sa manière, par le déni, par le souvenir, par la folie, ou tout simplement par un miracle. Ce n’est pas dans l’esprit de The Leftovers de leur donner un sens ou de les juger, la série ne fait que les explorer. Tout passe par le geste, dans cette composition d’une ambition rarement vue sur petit écran. La métaphore se croise à l’illusion, le rêve aux visions de cauchemars, la fin du monde à la rédemption : tantôt bouleversante, tantôt ironique, tantôt indescriptible, The Leftovers est surtout une série qui ose, qui – dans son art de l’introspection – plonge au cœur même des formes physiques des thématiques qui la hante.
Certains espèreront trouver une logique dans l’univers meurtri de Miracle, Texas. La seule logique qui s’y trouve, elle est pourtant très simple, c’est celle du chaos. Ils étaient là, ils ne le sont plus – pourquoi ? comment ? où ? Ils sont beaucoup à s’être posé ces questions au fil des siècles et des millénaires, plusieurs disent y avoir trouvé une réponse. Ils sont au paradis, ils sont en enfer, ils ont rejoint les étoiles ou attendent patiemment les autres sur une île lointaine ou dans un hôtel luxueux – qu’importe au final, car les vivants, eux, n’ont pas bougé. Et ils n’en savent pas plus que vous.


Ce qui fait de The Leftovers un chef d’œuvre absolu de la télévision, ce n’est pas tellement l’intelligence de son propos, sa portée intemporelle, la qualité vertigineuse de son casting, de sa bande-originale ou de sa mise en scène, mais sa manière d’articuler si magnifiquement les cartes qu’elle a en main. Damon Lindelof a compris que le monde qu’il décrit, comme celui dans lequel il vit, n’a pas de sens – comment lui en donner un, sans trahir son injustice ? Avec un peu d’imagination, un talent de scénariste peu commun et une famille américaine à laquelle chacun peut s’identifier, tout est possible. The Leftovers n’est pas tant une série sur la fin du monde que sur le murmure d’apocalypse qui traverse les pensées tourmentées des survivants. Les 14 octobre sont quotidiens, personne n’y échappera ; même pas moi, même pas eux, même pas vous.

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