KILL YOUR FRIENDS (2015)
RÉALISÉ PAR OWEN HARRIS
AVEC NICHOLAS HOULT, ROSANNA ARQUETTE, JAMES CORDEN
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On
se jalouse, on se déteste et on s’entretue. La figure du sociopathe froid, et
par extension du psychopathe, n’a jamais eu autant le vent en poupe –
anti-héros romanesque préféré des esprits les plus malsains, défouloir grinçant
pour les fatigués du monomythe, il s’empare du centre de l’affiche de vos
films, séries et livres préférés. De Dexter
à House of Cards, en passant par Death Note et American Psycho, la figure subversive du meurtrier propre sur lui
pourrait parfois tendre à la fascination morbide – mais son succès ne s’est
toujours pas démenti.
Ses
influences, Kill Your Friends ne se
les cache pas. Il y a la narration méta-diégétique de Frank Underwood, la
désinvolture pédante de Gregory House et l’ambition froide de Lou Bloom – dans
cet univers satirique qui rappelle étrangement 99 Francs, Owen Harris se gausse de l’industrie musicale, il décrit
la prétention comme l’apanage de la faiblesse et traite finalement du mal-être
social capitaliste. Peu courageux dans sa subversion mais jouissif dans son exécution,
son nouveau long-métrage n’est fondamentalement pas là pour juger quoi que ce
soit. Harris n’en a que faire de l’empreinte engagée qui donne à son film une
raison d’être, ce qu’il veut réellement, c’est s’amuser.
S’amuser
de la mort, de l’hypocrisie et de l’image publique ; le marketing est une
farce, tout n’est que façade, et le meurtre la réponse fataliste pour se
libérer de ce carcan de menteurs, d’imposteurs et d’arrivistes. Kill Your Friends est une overdose, un
délire d’adolescent en crise, le doigt d’honneur d’un mauvais garçon. On
connaît ces codes, on les aime comme on les déteste – sans jamais les
transgresser, Harris s’en nourrit, les recrachant intacts et sans talent, mais
honnêtes et sans détour.
Kill Your Friends est au film de psychopathe
ce que La Ligne Verte est au tire-larme.
On est venu pleinement consentant et en connaissance de cause ; que le spectacle
soit aussi médiocrement plaisant qu’on nous l’avait annoncé, ce n’est donc pas
vraiment une surprise. La transcendance c’est seulement pour les grands
cinéastes. C’est pourtant dans ce téléfilm de luxe que le trop sous-estimé
Nicholas Hoult excelle – et à défaut de faire de ce nouveau rôle un pilier de
sa carrière, on ne peut lui souhaiter qu’un avenir radieux.
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