SAISON 1 - AMC
Créée par Alfred Gough, Mark Millar
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L’agonie
créative de la chaîne AMC n’est plus un secret pour personne – quand on
remarque que ses seuls récents succès sont les spin-offs de ses plus anciens, on
est en droit de se poser des questions quant à la teneur de ses ambitions :
décliner The Walking Dead pendant
vingt ans et trouver le moyen d’écrire sur les personnages secondaires de ses
shows à Emmys ? Si Weiner a catégoriquement refusé (il semble être le seul
à avoir jamais su résister aux réductions budgétaires et ingérences artistiques
des patrons de la chaîne), Gilligan, lui, a fini par craquer avec Better Call Saul. Lancée avec le lead-in
zombiesque le plus important de la télévision américaine, Into the Badlands est bien là pour lancer une nouvelle franchise :
créée par le duo à l’origine de Smallville,
sa veine fantastique transpire d’ailleurs de la générosité mesurée de ses
producteurs à l’intention de ses spectateurs.
Malgré
sa volonté de générer une audience forte, Into
the Badlands s’est efforcée de développer un univers et une ambiance
quasiment inédites. Relecture post-apocalyptique de La Pérégrination vers l’Ouest (l’un des romans emblématiques de la
littérature chinoise), où se rencontrent des influences western, wu xia pian
(et plus particulièrement Tsui Hark) et de Mad
Max, Into the Badlands réutilise
des codes d’origines diverses pour livrer ce qui serait, théoriquement, le
spectacle d’action ultime.
En
résulte un résultat chaotique où se mêlent arts martiaux et champs de coton ;
pourtant, de ces alliances étonnantes ressort aussi un ton unique et
transcendant qui, malgré ses défauts, force l’admiration. La maestria technique,
notamment des séquences de combats (qui se classent avec Banshee parmi les plus impressionnantes du petit écran), ne fait
que souligner l’accomplissement formel de la série. Pourtant le budget est peu
important, et ça se voit à l’écran – il n’y a pas de cadre recherché ni de
réussites esthétiques notables, mais plutôt ce qui ressemblerait à une très
longue série B des années 80, légèrement kitsch mais foncièrement fascinante et
passionnée.
Qu’est-ce
qui empêche alors à Into the Badlands
de briller ? Tout le reste, en fait. Des acteurs plus mauvais les uns que
les autres au scénario façon soap opera aussi inintéressant que les personnages
secondaires ridicules qui n’arrivent pas à pimenter l’intrigue principale ;
si la construction d’arrière-plan est grandiose, les pions qui lui donnent une
justification souffrent de défauts d’écriture majeurs. On en vient à espérer
que les dialogues insipides se terminent rapidement pour qu’on assiste à une
autre séquence d’action, preuve que malgré des efforts visibles, les
scénaristes échouent lamentablement à intéresser le spectateur.
Into the Badlands se trouve actuellement
sur le fil microscopique qui sépare la purge du divertissement honnête. Elle a
les cartes en main pour réussir – un univers original et un talent certain pour
le mouvement – mais peine à leur donner une saveur dans le développement
calamiteux de figures centrales prévisibles, d’enjeux mal définis et de failles
béantes dans l’exécution de la narration. Into
the Badlands a de l’imagination mais ne sait manifestement pas raconter une
histoire – et pourtant il y a de quoi faire quelque chose de réussi. Avec toute
la sympathie que l’on a pu développer pour elle, on espère que son envisageable
second acte saura régler ces problèmes. Mais c’est clairement mal parti.
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