Révélé
par son interprétation hystérique de Tom Haverford dans Parks and Recreation, Aziz Ansari aura profité de ce succès
critique sans précédent dans sa carrière pour se faire un nom dans le paysage
très hétéroclite du stand-up nord-américain. Porteur d’un humour parfois
clivant, l’acteur a finalement su réunir une fanbase solide, notamment à l’aide
de sa collaboration avec Netflix, diffuseur de ses spectacles. Ce n’est pas
vraiment une surprise de le voir créer sa propre série sur le site de VOD,
accomplissement total pour tout comédien de la scène, les plus grands y étant
passé, de Louie C.K. à Jerry Seinfeld.
On
pouvait douter de la viabilité du projet de Master
of None, non seulement parce que les comédies live Netflix n’ont jamais
vraiment brillé de par leur qualité, mais aussi parce qu’Ansari, si sympathique
puisse-t-il être à petite dose, a le don d’être très agaçant au long terme – un
peu comme la moyenne qualitative des rejetons du Saturday Night Live. Une dramédie sarcastique semi-autobiographique
sur le quotidien d’un comique ? On l’a déjà vu beaucoup de fois, et il
était compréhensible de ne pas placer des attentes hors du commun dans Master of None.
Les
critiques auront été réduites au silence dès le pilote. La série d’Aziz Ansari et
d’Alan Yang, un ancien de Pawnee lui aussi, est brillante. Comédie de niche, œuvre
intimiste, tantôt dépressive, tantôt euphorique ; Ansari y trouve un
équilibre parfait, loin de l’énergie trop invasive qu’on lui connaît. Il laisse
vivre ses personnages, leurs évolutions, leurs ambiguïtés, leurs rêves et leurs
erreurs. Les protagonistes de Master of
None ne sont ni idiots, ni fantasques ; ils respirent d’humanité. Sans
aucun cynisme, Ansari se confie sans fard, et c’est peut-être cela qui fait
tout l’intelligence et la justesse du show. Master
of None a ses défauts, tous les épisodes ne se valent certes pas, mais son
écriture irréprochable, son inventivité retenue et l’ambiance tendre et
cajoleuse qui s’en dégage en font un objet télévisuel foncièrement agréable.
On
ne l’a honnêtement pas vu venir mais Master
of None est un ascenseur émotionnel malin, drôle, touchant et modeste.
Netflix s’éloigne des artifices dont le service a l’habitude, se tournant vers
une simplicité et une passion créatrice digne des formats courts d’HBO. En
revoyant l’espace d’un vendredi son cahier des charges, elle signe l’une de ses
meilleures séries maison. Même les détracteurs d’Ansari peuvent s’y jeter les
yeux fermés, Master of None n’est pas
un concentré de débauche égocentrique de plus, mais un indispensable instantané,
situé quelque part entre les thématiques de Louie,
l’ambiance d’un Woody Allen et la sincérité d’un Looking.
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