Utopia était une série très largement
surestimée, qui ne brillait que par sa forme très réussie. Que Humans, bâtie sur les mêmes bases que la
série de Dennis Kelly annulée l’an dernier, soit une relative déception n’est
donc en soit pas une surprise : remake anglophone de Real Humans, série suédoise elle aussi surestimée, on pouvait pourtant
en attendre beaucoup – casting impeccable, ambiance clinique, budget revu à la
hausse… ce qui, sur le papier, pouvait intéresser, est au final aussi bancal
que ce que les défenseurs de Äkta
människor avaient pu annoncer. Mais pas pour les raisons qu’ils donnaient.
Humans est une coproduction entre
Channel 4 et AMC, et c’est important de le noter car elle ressemble beaucoup
plus à une série anglaise qu’à une série américaine. Bonne nouvelle pour
certains, elle remet pourtant en avant un débat qu’on n’ose pas vraiment
aborder de peur de se faire lapider publiquement : d’où vient cet
enthousiasme pour les séries britanniques ? En dehors de quelques
merveilles d’écriture comme The Hour
ou State of Play, sans oublier les
indémodables classiques que sont Flying
Circus ou bien The Prisoner, il y
a quelque chose d’incompréhensible dans cette admiration pour une forme de
production soi-disant novatrice alors qu’elle se répète en boucle depuis une
bonne dizaine d’années. Les mêmes schémas, la même sophistication un peu creuse
qui, quand elle n’est pas l’extension d’un period drama bien mièvre, fait
ressembler un drame social comme une série de genre à un techno-thriller aux
effets de mise en scène aussi boursouflés qu’ils desservent le sérieux du
projet.
Humans possède un véritable travail sur
l’image, en apparence accompli, mais qui ne fait pourtant que fusionner les
esthétiques de Black Mirror et de Utopia. C’est clinique tout en étant racoleur
(l’utilisation excessive de la très bonne bande-originale est abominable),
prétendument intelligent alors que la série ne fait que visiter des lieux
communs – tant scénaristiques que philosophiques. Les personnages, à l’exception
d’un ou deux, sont stéréotypés et suivent des évolutions difficilement compréhensibles,
les révélations les concernant arrivent d’ailleurs comme un cheveu sur la
soupe, et puis en dehors de William Hurt et Neil Maskell, les acteurs sont tous
insupportables.
A
partir de là, difficile pour Humans
de convaincre dans sa démarche risquée. Quelques fulgurances viennent sauver un
épisode ici et là de la morosité qualitative installée par les précédents, les
différences prises avec la série originale sont tout à son honneur et lui
donnent une raison d’être, mais l’impression latente de déjà-vu et l’écriture
terriblement facile, si ce n’est stupide (la gamine hackeuse, sérieusement ?)
viennent achever toute étincelle de curiosité qui avait eu la mauvaise idée d’apparaître
ici.
Sympathique
à suivre, pas trop ennuyante et ayant la capacité de livrer d’excellentes
(rares) scènes, Humans n’est pas non
plus une catastrophe. C’est même un remake réussi, dans le sens où elle a su se
différencier et se rapprocher de la série originale quand il le fallait, ayant
son lot de fidélités et de trahisons qui maintiennent un tant soit peu l’intérêt
des connaisseurs de Real Humans. Si
vous trouvez Black Mirror
révolutionnaire, que Utopia vous
passionne et que le suédois est une langue affreuse à votre oreille, c’est un
bon compromis. Sinon, le pilote donne une bonne idée de ce que la série est
capable de proposer.
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