Annoncée
courant 2013, il aura fallu deux ans à Wayward
Pines pour arriver sur les ondes. Adaptation d’une trilogie écrite par
l’américain Blake Crouch dont elle recouvre l’ensemble des trois volumes en dix
épisodes, elle signe surtout le premier essai du réalisateur M. Night Shyamalan
sur petit écran qui, après plusieurs échecs successifs au cinéma, se rapproche
ici de ce qui avait pu faire le succès de ses premiers films : des
thrillers mystérieux situés quelque part entre le fantastique et la
science-fiction.
Dès
le début de la promotion de Wayward Pines,
il était impossible de ne pas penser à Twin
Peaks : le concept, l’ambiance, et même le décor – c’est une influence
qui a toujours semblé assumée par Chad Hodge et Shyamalan, mais ceci seulement
lors des premiers épisodes. Assez rapidement, et de façon définitive à partir
du fameux cinquième épisode, Wayward
Pines prend une direction tout à fait nouvelle : on passe de Le Prisonnier à The Mist, en passant par Lost
et The Walking Dead. Wayward Pines s’aventure dans de
nombreuses directions, alterne entre le thriller mystérieux mindfuck, le film
d’espionnage, la science-fiction et le fantastique.
Des
changements de genre qui s’opèrent par des rebondissements nombreux :
Shyamalan a toujours été connu pour ses twists, et s’il n’est pas à l’origine
de ceux présents ici (déjà existants dans les livres), il sait comment amener
une révélation. Sa narration elliptique et décousue s’adapte parfaitement au
format télévisuel, et si l’intrigue renferme des passages plus faiblards,
l’intérêt est quant à lui sans cesse relancé. C’est la qualité principale de la
série : surprendre, interroger et cultiver secrets et questions en y
apportant au final une réponse crédible.
Wayward Pines déçoit pourtant de
plusieurs points de vue : sa forme, déjà, très conventionnelle et
finalement répétitive, elle s’épargne tout effet de style. Le mystère ne se
transmet que par la narration, jamais par l’image. L’autre échec de la série
c’est son final. Pas sa toute fin, qui fait effectivement débat mais dont le
second degré et l’humour très noir apparaissent presque comme un clin d’œil
amer plutôt enthousiasmant, mais ses derniers épisodes, très superficiels et
effaçant toutes les interrogations possibles pour les substituer par de
l’action nerveuse pas vraiment raccord avec les premiers épisodes.
Wayward Pines est une série qui a su
intelligemment évoluer et se renouveler. Malheureusement en tirant un trait sur
la subtilité de ses premiers pas, sa deuxième partie est un fourre-tout un peu
indigeste, certes indispensable, mais qui aurait bénéficié à être traité moins
frontalement, ou avec davantage d’ambiguïté. Et là où elle aurait pu se classer
en référence du genre, Wayward Pines
ne restera qu’un mystery show estival
agréable, bien meilleur qu’un Under the
Dome en comparaison, mais finalement assez anecdotique.
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