Mine
de rien, malgré qu’elle ne soit pas une machine à buzz et ne fasse pas vraiment
parler d’elle, Ray Donovan a su se
développer un vrai style en à peine deux saisons. Imparfaite, handicapée de personnages
secondaires agaçants et de storylines déséquilibrés, il faut lui reconnaître un
mérite : si la télévision a toujours été friande de portraits citadins
désenchantés, en s’intéressant à l’usine à rêves qu’est Hollywood, Ray Donovan est probablement de celles
qui savent le mieux décomposer ce mythe urbain.
Le
défaut de la première saison de Ray
Donovan était qu’elle s’intéressait finalement plus à l’arrière-plan
mafieux de ses personnages plutôt qu’à l’environnement dans lequel ils
évoluaient. Dans un sens, c’était plus une série de gangsters qu’une série sur
les excès et le pouvoir de l’illusion. Cette saison deux va cependant plus
loin, et en s’intéressant davantage au revers de la médaille hollywoodien, elle
semble en capturer la plus profonde identité : celle d’une société en
détresse, celle d’un monde corrompu où puissants et moins puissants s’affrontent
dans un combat presque unilatéral où les médias apparaissent comme une arme de
destruction massive. Il est nécessaire de protéger cette apparence trompeuse,
de lustrer ces figures déifiées que sont les stars du show-business – c’est de
cela que parle Ray Donovan, d’une oligarchie
du divertissement qui se complait à manipuler le peuple qui l’admire.
Que
l’on soit d’accord ou pas avec Ann Biderman sur cette analyse pessimiste de sa
propre industrie, on ne peut que lui accorder l’intelligence avec laquelle elle
la construit. Ray Donovan c’est du complotisme
intelligent, ni manipulateur ni manipulé, qui par le biais d’un développement
précis de ses enjeux, parvient à justifier le plus inhumain des actes. En
mettant en parallèle le grand banditisme représenté par Mickey Donovan et celui
de protecteur du système qu’illustre son fils Ray, Biderman réfléchit sur la
notion de criminalité et ceci avec une justesse assez admirable.
Ray Donovan est une œuvre d’ambiguïtés.
La plupart de ses personnages principaux, au premier abord présentés comme des
modèles de succès, ne sont au final qu’une réunion de malveillance et de
déconnexion de réalité, qui se voit traitée par le prisme du reste de la
fratrie Donovan. Dans un monde où les sommes se comptent en millions, où l’argenterie
coûte le prix d’une maison et où le meurtre n’est qu’une petite erreur qu’il
faut camoufler, une lueur d’espoir semble apparaître au bout du tunnel. Une
remise en question progressive de ce système, pour le moment à l’état d’embryon,
mais qu’il serait intéressant que la série traite plus précisément à l’avenir.
Et peut-être passer au niveau supérieur.
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