Après
plusieurs années à produire des films à la qualité plus que discutable (même
les Disney de la maison mère étaient plus intéressants, c’est dire !) et
deux ans d’absence, Pixar revient en force en 2015 avec pas moins de deux
longs-métrages. Premier à arriver sur nos écrans, Vice-Versa est le retour à la réalisation de Pete Docter, déjà à la
tête de Monstres et Cie et de Là-haut. Casting vocal impressionnant –
autant en français qu’en anglais – son concept comme ses retours cannois n’annonçaient
que le meilleur, et la possible rédemption artistique d’un studio qui n’avait
cessé de décevoir depuis l’excellent Toy
Story 3.
Avec
Vice-Versa, Pixar renoue avec son âge
d’or. De son humour ravageur ultra-référencé à une justesse émotionnelle
bouleversante, sans oublier l’intelligence thématique sous-jacente qui, bien
plus que de simplement proposer une aventure palpitante, tend à faire réfléchir
et donner aux parents un objet d’étude très malin sur la fin de l’enfance et
sur la personnalité de chacun.
Vice-Versa regorge d’idées créatives et
visuelles, réinterprétant à sa guise les plus basiques notions psychiques en
allégories passionnantes, bien plus poussées qu’elles ne voudraient le faire
croire. Chaque détail a un sens, chaque décision scénaristique, chaque choix
visuel possède une définition profonde qui rend l’analyse ludique pour les plus
âgés.
La
trouvaille de Vice-Versa, et c’est
une habitude courante chez Pixar, c’est bel et bien la complémentarité du texte
et du sous-texte. Les plus jeunes y verront une aventure amusante et touchante
aux personnages très réussis, les plus âgés une métaphore criante de réalisme
de leur expérience personnelle, illustrée par des peluches loin d’être aussi caricaturales
que prévues. Et c’est pour cela que Vice-Versa
marquera les esprits. Les plus jeunes, épatés par ce film à huit ans, le redécouvriront
dans une décennie en levant le voile sur tout ce qui avait pu leur passer sous
le nez au premier visionnage.
Ce n’est
sans doute pas le meilleur Pixar, mais Vice-Versa
est peut-être l’un des plus justes, les plus touchants qui, un peu à la manière
d’un Toy Story en son temps, prend le
temps de construire une mythologie pour parler aux petits et aux grands
enfants. Mélancolique, inventif, drôle, bouleversant, et surtout d’une
simplicité qui lui fait tout honneur. On serait presque prêts à oublier la
fadeur de Rebelle et l’inutilité des
suites de Cars et de Monstre et Cie. C’est en tout cas un
beau tour de force au sein d’une industrie d’animation américaine qui avait
tendance, ces dernières années, à se répéter et à ne plus émerveiller personne. Magnifique.
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