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lundi 15 juin 2015

Game of Thrones - Saison 5


SAISON 5 HBO
Créée par David Benioff, D.B. Weiss
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Cette année, Game of Thrones s’est vu affronter de nombreux obstacles : les fuites à répétition des épisodes ou des événements marquants du prochain épisode, sa popularité toujours plus grandissante qui a vu, fatalement, l’émergence d’un bashing gratuit et souvent injustifié, mais aussi le rattrapage inévitable des livres de George R.R. Martin, que les scénaristes ont tenté de contrer en poursuivant un virage opéré depuis désormais plusieurs années : celui de s’éloigner graduellement des livres. Et autant le dire tout de suite : à part deux ou trois arcs scénaristiques, cette année, Game of Thrones et A Song of Ice and Fire ont définitivement pris des chemins différents.


En se détachant des livres, les scénaristes de Game of Thrones ont dû improviser. Plus de Papa Martin pour superviser David Benioff et D.B. Weiss dans l’écriture des épisodes, il sera désormais nécessaire d’écrire des histoires crédibles en conservant la profondeur et la logique des dialogues et des personnages présents dans le livre. Chose moyennement acquise au terme de cette cinquième saison, il faut l’avouer. Game of Thrones est moins bavarde, et c’est dommage, car à vouloir contenter la masse populaire en leur proposant des scènes d’action et des  intrigues évoluant rapidement, c’est la subtilité de la série qui s’est légèrement estompée. Oui, contrairement à ce qu’en disent beaucoup, Game of Thrones va très vite en 2015, il se passe beaucoup de choses. Beaucoup trop, et sans prendre le temps de les amener correctement, diminuant l’impression d’importance des retournements et des choix des protagonistes. Cela a abouti à des décisions scénaristiques, non présentes dans les livres, plutôt improbables. Des rencontres, notamment, maladroites tentatives de fanservice.
La qualité d’écriture a commencé à s’évaporer, c’est une évidence. Quelques épisodes (le cinquième et le dernier) démontrent que l’ombre de Martin plane encore sur le show, mais impossible d’oublier ces grossières erreurs parsemées ici et là. Dit comme ça, on pourrait penser que Game of Thrones saison 5 est un raté : c’est en réalité simplement le coup de mou (sublimé par quelques scènes incroyables) d’une grande série. La qualité presque irréprochable du casting – si l’on oublie un instant Emilia Clarke – l’intensité de certaines scènes en tant que broyeurs émotionnels incroyables, fatals, tragiques, sans aucune issue possible. L’univers de Westeros est un monde de bêtes humaines, aussi complexes qu’elles peuvent commettre les pires atrocités ou les plus grosses erreurs. Même les soi-disant héros (érigés comme tels par des personnes n’ayant pas compris le plus profond message de la série) sont faillibles. Même les reines conquérantes sont de piètre dirigeantes. Même les méchants parfaits sont parfois plus ambigus qu’on ne voudrait le penser.


Il y a cette ambition visuelle de chaque instant. Ce budget gigantesque qui permet à la série de servir des décors plastiquement parfaits et des scènes d’actions enthousiasmantes. Une maestria technique sous tous les aspects : de la mise en scène intelligente même si elle a tendance à être de plus en plus démonstrative, une bande-originale toujours aussi admirable et une précision scénographique qui est un modèle du genre.
Game of Thrones est prisonnière de sa popularité. Déjà parce qu’il est devenu cool de cracher dessus pour des raisons obscures, mais aussi parce que ces mêmes personnes – si elles ne s’en rendent pas compte – risque de signer l’arrêt de mort de la série. Bien sûr que cette saison 5 a des défauts, mais ce sont des failles issues des remarques faites aux grandes qualités des saisons précédentes. Le serpent se mord la queue et le seul espoir c’est que les scénaristes décideront enfin d’ignorer les plaintes d’un public non initié, que seuls les rebondissements et scènes de combats contentent. Sauf que Game of Thrones ce ne sont pas des morts, des viols et des batailles. Game of Thrones ce sont des individus perdus dans l’immensité de guerres qui les dépassent. Intimiste, réaliste et désenchantée.


Tragédie sur la religion et sur la difficulté des responsabilités, cette saison 5 de Game of Thrones aura reçu de nombreuses critiques imméritées. La série s’est trouvé un rythme de croisière, et il est clair qu’en réécrivant les livres de Martin à leur sauce, le duo de showrunners a fait l’erreur de recentrer les personnages autour de quelques intrigues pas forcement égales en qualité. A trop vouloir réunir les arcs, ils ont fini par perdre cet esprit choral qui faisait tout le charme des précédentes saisons. En espérant que ce ne soit que passager, et même si l’émerveillement s’est atténué, le plaisir est toujours intact.

3 commentaires:

  1. Je n'ai pas lu les livres, mais on sent effectivement un certain manque de souffle dans cette saison, surtout dans les scènes de dialogue et d'actions qui semblent un peu se répéter, et sont moins riches en tension et suspense.

    La série reste riche en moments forts, en nouveaux départs et en très bonnes idées (notamment les Moineaux de Kings Landing et les hésitations stratégiques au nord), mais les scènes d'actions tournent plus au bain de sang qu'aux sacrifices qui font avancer l'intrigue, et on gagne en moyens ce qu'on perd en subtilité.

    Cela dit, maintenant que la série s'est achevée en menant la plupart des personnages au bout de leurs astuces, on aura sans doute du neuf, et du mieux (avec moins de personnages) dans la prochaine saison. J'espère !

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    1. Ils ont pris des risques par rapport aux bouquins (les tomes 4 et 5 auraient pu être adaptés en deux saisons, ils auront finalement tout bouclé en à peine 10 épisodes), et ça a très moyennement payé par moments. Après la saison est bourré de bonnes idées et le dernier épisode est superbe, très shakespearien.

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  2. Je ne sais pas si c'est parce qu'ils vont trop vite par rapport aux livres, mais c'est vrai que cette saison enchaine plus les stratégies politiques, quand les précédentes saisons mettaient plus l'accent sur les décisions des personnages, qui amenaient à de fâcheuses conséquences aux Westeros.

    C'est marrant que tu parles de coté shakespearien, parce que je trouvais la saison 4 justement très shakespearienne, alors que le dénouement de celle-ci pas du tout : le sort de la plupart des personnages dans ce dernier épisode n'est pas lié au poids du Royaume et des histoires de famille qui pèsent sur leurs épaules, mais plus aux conséquences des choix qu'ils ont fait en tant qu'individus, avec au final des sacrifices très personnels.

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