Après
avoir été sauvée d’entre les morts par Yahoo – qui se lance en 2015 dans la
production de contenu original – Community
remet donc les crampons, avec ce qui lui reste de son casting original, pour
une saison 6, certes inquiétante à la vue du passé récent de la série, mais
attendue de pied ferme par sa communauté de fans. Après treize épisodes,
Greendale referme ses portes à nouveau. Pour toujours, cette fois-ci ?
Même si la porte est laissée ouverte pour un futur film, cette saison 6 semble
bien avoir été conçue comme la dernière.
Difficile
de parler de la saison 6 de Community
sans évoquer les changements créatifs ayant été opérés depuis l’an
dernier : les épisodes sont plus longs, il y a de nouvelles têtes, mais
Dan Harmon reste au gouvernail. Quelle saison inégale, tout de même. Community a souvent été remarquée par sa
qualité en dents de scie d’un épisode à l’autre, mais pour cette saison 6,
c’était parfois au sein d’un même épisode que la série alliait le génial et le
très mauvais. L’ensemble était, il faut le dire, étrangement rythmé : la
faute aux épisodes de trente minutes ou à une nouvelle dynamique d’écriture de
la part d’Harmon ? Sans doute un peu des deux. Moins vivante, certes, Community a pourtant su éviter la
catastrophe : même les moins bons épisodes de 2015 étaient tout de même un
cran au-dessus des meilleurs de la saison 4. On s’embêtait un peu d’ailleurs,
oubliant parfois de regarder le dernier épisode en date, comme si Community avait finalement lassé.
Puis,
alors qu’on avait presque complètement perdu espoir après ces trois dernières
saisons anecdotique, est arrivé ce final. Ah oui c’est vrai, le fameux « Six seasons and a movie » nous
était presque sorti de la tête : cette saison 6, c’est la dernière, et ce
cent-dixième épisode de Community
sera le dernier. Et c’est alors que, prenant tout le monde de court, dans une
tentative inattendue si ce n’est inespérée, la série nous livre un très grand
épisode. Une conclusion parfaite, touchante et drôle, jouant avec ironie et
auto-dérision sur elle-même sans avoir l’air cynique. Ce dernier épisode est
d’autant plus un épisode sur Community
plutôt qu’un épisode de Community,
qu’il apparaît comme brouillant plus que jamais la frontière entre spectateur
et écran. Du méta, du méta et encore du méta, pour une fin admirable qui
restera dans les mémoires.
Arriver,
dans cette dernière demi-heure, à donner du sens non seulement à ce que Community a pu proposer en terme
narratif, mais aussi aux aléas créatifs ayant mouvementé son évolution six
années durant, c’est à la fois surprenant et bienvenu. Encore faut-il
appréhender le personnage mégalo qu’est Dan Harmon qui, derrière la grande
estime qu’il peut avoir de lui-même, parvient tout de même à avoir un recul
inédit sur sa propre œuvre et sur ses propres erreurs. Ce final est parfait
parce que plus que de simplement briser le quatrième mur, il prend conscience
de sa qualité de série télévisée, de son existence en tant qu’œuvre. Au départ,
Community faisait des références à la
culture populaire. A la fin, Community
fait des références à Community, aux
saisons de Community et aux fans de Community. C’est en tout cas bel et bien
là la preuve que la série de Dan Harmon s’est définitivement fait sa place dans
ce panthéon qu’elle chérissait tant.
Objet
de culte par excellence, on est bien sur tristes de devoir dire au-revoir à
Greendale. Et malgré qu’on puisse regretter que la série n’ait pas toujours été
du même niveau, cette excellente conclusion n’aurait pas eu le même impact si
elle n’avait pas été précédée de trois saisons d’une qualité plus que
discutables. C’est là le génie de Dan Harmon et de ses scénaristes : faire
de ses erreurs, de ses défauts, de ses faux pas et de sa gloire passée une
composante même de sa diégèse, de sa portée incroyable en tant qu’objet
télévisuel. On en viendrait presque à croire que la saison 4 était un coup de
bluff, que cette annulation était une illusion, que tout ce qui est arrivé à Community depuis tout ce temps était
prévu depuis le départ. Une leçon d’écriture sérielle.
(mais la note maxi pour le final)
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