Projet
de long-métrage avorté du duo Phil Lord / Chris Miller, The Last Man on Earth est finalement récupéré par leur ami Will
Forte, ex du Saturday Night Live et cherchant, comme tous les anciens de l’émission,
à se refaire une jeunesse au travers d’une sitcom joyeusement débile. Cherchant
une maison pour sa série, c’est finalement sur FOX qu’il trouvera son bonheur,
à la fin de l’ère Kevin Reilly qui avait visiblement décidé de faire du network
une pionnière en copiant le modèle créatif des chaînes câblées. Il est donc
important de souligner que tant sur le fond que sur la forme, Forte a eu
quasiment carte blanche.
The Last Man on Earth est donc, en tout
cas pour une comédie de network, plutôt trash. Blagues scatos, personnages
imbuvables si ce n’est détestables, humour cynique… C’était un pari risqué et en
même temps l’idée salvatrice d’une saison comédies plutôt pauvre en réussites sur
les cinq réseaux (Jane the Virgin et Fresh Off the Boat sont les deux seules
autres nouveautés à valoir le coup d’œil). Très rapidement pourtant, le pitch
de départ de The Last Man on Earth,
parfaitement résumé par son titre, est trahi. Ce n’est pas un spoiler, cela
arrive dès la fin du pilote et les producteurs n’ont même pas réussi à garder
ce retournement secret, même si il est vrai que son apparition précoce était
imprévue. Mais il aurait été très difficile pour la série de survivre très
longtemps sans cet évènement, vu la manière dont elle suit déjà un schéma assez
classique dans sa forme actuelle. Répétant rapidement un format scénaristique
qui lui a valu de nombreuses critiques – action honteuse de Phil, découverte du
pot-aux-roses par ses camarades, rachat de Phil – il s’agit là de la principale
barrière à franchir pour apprécier la série : accepter cette routine, en
cultiver les subtilités et les qualités de ses intervenants. Car si sur le fond
The Last Man on Earth n’a pas grand-chose
à proposer, en tout cas pour le moment, elle se révèle bien plus intéressante
sur la forme, avec un Will Forte et une Kristen Schaal survoltés, accompagnés
par des seconds rôles bien campés.
Un comique
usé jusqu’à la moelle qui peut donner l’indigestion, principalement si on se
focalise sur les gags de départ – la libido de Phil, les ballons, la
piscine-latrines – mais globalement la plume de Forte est suffisamment incisive
pour éviter soigneusement cet état. La situation est toujours la même, mais les
acteurs changent. Cela donne le pire comme le meilleur, The Last Man on Earth n’a jamais la créativité d’un Dan Harmon,
mais dans son cadre, la série n’est jamais catastrophique.
Il y
avait peut-être mieux à faire mais The
Last Man on Earth se révèle être un rendez-vous hebdomadaire agréable qui,
s’il ne surprend pas, a le mérite – et pas des moindres – de faire rire. C’est
idiot, c’est vulgaire, lourd, pas brillant, mais porté par une troupe d’acteurs
présents et bien dessinés. Ça ne vaut pas un Emmy Awards, mais The Last Man on Earth nous permet de
changer d’air. On la retrouvera avec plaisir l’an prochain.
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