SAISON 1 - CANAL+
Créée par Ed McCardie, Corinne Marrinan
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Avec
la fin de Braquo et de Borgia et après le succès international
de Les Revenants, Canal+ se retrouve
face à deux problématiques : renouveler son offre, et s’exporter à l’international
pour mieux rentabiliser ses productions. Quatre nouvelles créations originales apparaîtront
donc en 2015 : Le Bureau des
légendes, retour très attendu d’Eric Rochant à l’espionnage, Versailles, fresque historique sur Louis
XIV, et Panthers, un polar avec Tahar
Rahim. Spotless est donc la première de
ce quatuor prestigieux à faire ses premiers pas sur la chaîne cryptée.
Scénarisée par un ex de Shameless, Ed
McCardie, et mettant en scène Marc-André Grondin, Denis Ménochet et Brendan Coyle,
Spotless raconte les mésaventures de
deux frères français qui se retrouvent plongés au cœur du crime organisé
londonien.
Spotless évoque très rapidement Breaking Bad : cette confrontation
d’un père de famille au microcosme violent des gangs et du trafic de drogue est
en soit une véritable réponse au classique de Gilligan. Après quelques
épisodes, Spotless accuse pourtant de
grandes différences avec son aînée : s’ouvrant à des thématiques
différentes, préférant davantage s’intéresser au passé de ses personnages
plutôt qu’à leur destin, le duo McCardie – Marrinan dessine peu à peu une
ambiance singulière à son intrigue.
Mais
dans une ambition parfois trop poussive, certains arcs secondaires finissent
par perdre en crédibilité, de même que leurs protagonistes. Car si on applaudit
la solidité des deux rôles principaux, nombre de seconds couteaux peinent à
convaincre ou n’intéressent que trop peu – la gamine, pour commencer, qui souffre
du syndrome Kim Bauer.
L’ensemble
possède de belles fulgurances et techniquement, c’est très maîtrisé – budget d’importance
oblige. Reste que cette mise en bouche souffre de problèmes de rythmes agaçants
et d’enjeux pas toujours bien sculptés. Demeure un travail accompli qui fait
figure de gouvernail parmi les productions de fictions télévisuelles du PAF.
Imparfait mais sympathique.
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SAISON 1 - ABC
Créée par Nahnatchka Khan
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En
1994 était diffusé le All-American Girl de
Margaret Cho sur ABC. Annulée au bout d’une saison, la série restera tristement
célèbre comme la seule et unique tentative de dépeindre la vie des asiatiques
immigrés aux Etats-Unis. Plus de vingt ans plus tard, sur la même chaîne, Fresh off the Boat est lancée entre un Black-ish et un Cristela, formant une sorte de trilogie de comédies familiales
communautaires aux allures de variations ethniques de Modern Family – même milieu social, même registre d’humour. En
adaptant le roman de Eddie Huang, Nahnatchka Khan – déjà remarquée pour son
travail sur Don't Trust the B---- in
Apartment 23 – s’attaque à une pierre angulaire de la sous-culture
sino-américaine, dépeignant avec pas mal de désenchantement et de pessimisme la
rencontre de deux cultures en tous points différentes.
Evidemment,
Fresh Off the Boat édulcore
grandement le matériel original. Fini les parents qui battent leurs enfants, la
famille Huang est unie, soudée et finalement très américanisée. Avec ce père
légèrement idiot aux allures de Phil Dunphy, on aurait pu facilement crier au
manque d’originalité. Pourtant, rapidement la nouvelle sitcom tous publics de
ABC va se construire autour de deux grandes qualités : la période qu’elle
dépeint (le cœur des années 90) et son casting.
Il
est effectivement assez amusant de noter que Fresh Off the Boat prend place plus ou moins à l’époque où All-American Girl fut annulée, une
époque où le racisme était aussi plus présent. C‘est intéressant car il est
assez rare de voir la sinophobie traitée dans des médias de grande échelle, d’autant
plus que, la communauté chinoise étant beaucoup moins réactive sur ce
terrain-là que la communauté afro-américaine, Fresh Off the Boat se permet de présenter cette discrimination sous
un jour assez satirique : vive les clichés, les stéréotypes et surtout la
réalité qui se cache derrière, tournés en ridicule constamment par les
scénaristes du show.
Tout
ça n’aurait finalement eut que peu d’intérêt sans l’incroyable présence des
acteurs principaux. Randall Park, découvert récemment en Kim Jong-un sadique dans
The Interview, est excellent, mais c’est
principalement la géniale Constance Wu qui crève l’écran. En plus d’être de
très loin le meilleur personnage de la série, elle livre une performance
délirante, mesurée et surtout à mourir de rire – ce que Khan semble avoir
compris puisque le personnage prend de plus en plus d’importance au fil des
épisodes au point de devenir aussi central que le fils, narrateur et tête d’affiche
du pilote.
Fresh Off the Boat n’est pas la sitcom
du siècle mais est un vrai bol d’air frais dans le registre très éculé des
comédies familiales : après un Blakc-ish
agaçant et un Modern Family en grande
perte de vitesse depuis quelques saisons, voir un tel potentiel comique que
celui de Fresh Off the Boat – même si
inégal suivant les épisodes – est une vraie promesse de télévision. Casting en
or massif, ton acerbe parfois assez surprenant, mais aussi une bande-son hip
hop inattendue absolument démentielle, on tient ici l’un des immanquables des
nouveautés networks de la saison. Avec en prime l’un des meilleurs écrans-titres
depuis des années.
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