Au
cours de leur carrière très singulière, les Wachowski ont développé le mauvais
goût en Art. On le ressent particulièrement dans Speed Racer, mais aussi, dans une moindre mesure, dans Matrix et Cloud Atlas. Chez Jupiter
Ascending, ce n’est même plus une donnée de fond, ce kitsch magnifique est
un pilier de l’univers développé : du scénario au background politique, du
bestiaire aux effets spéciaux, tout semble répondre à cette volonté de produire
un film de science-fiction laid et ringard, dans le bon sens du terme. Pourquoi
pas ? Malheureusement, la fratrie semble s’être arrêtée à cette question,
et c’est là le cœur du problème.
Jupiter Ascending possède une direction
artistique incroyable, un univers complexe et original, des décors et des
effets spéciaux inventifs, le tout porté par un budget dantesque qui permet aux
Wachowski de faire un peu ce qu’ils veulent. Ce n’est pas non plus Avatar, mais si on ne peut pas retirer
une qualité à Jupiter Ascending, c’est
bien cette ambition sans limites – et non sans failles – pour se construire une
mythologie propre.
Qu’est-ce
qui s’est passé alors ? Les problèmes de ce nouveau volet de Wachowski
sont malheureusement nombreux, de multiples erreurs se sont glissées dans la
matrice et, dès les premières secondes du long-métrage, on sait déjà qu’il n’y
a plus de grands espoirs. Réalisation terne et parfois illisible, scènes d’actions
prévisibles et ennuyeuses, personnages totalement superficiels, acteurs en roue
libre – pauvre Eddie Redmayne, il a peut-être réussi à foirer sa carrière dans
le laps de temps entre la sortie de son « chef d’œuvre » et la
remise de son Oscar –, scénario complexe très mal construit : on ne compte
plus les mauvais choix de parcours du projet. Surement que les producteurs se
sont fait une place en salle de montage, certes, mais cela n’excuse pas la
grande fadeur de l’ensemble qui, malgré son ambition visuelle, n’arrive jamais à
se prouver d’un quelconque intérêt.
Tout
va trop vite, tout est trop dense et donc peine à passionner. Le film se
contente d’alterner scènes d’action et scènes de dialogues visant principalement
à expliquer cet univers très compliqué. Résultat ? Aucune implication du
spectateur. Les personnages sont tous des coquilles fatalement vides, sans
aucune personnalité. Difficile de comprendre leurs motivations, difficiles de
cerner leur caractère et leur histoire, impossible de s’y attacher. Clou du
spectacle : Channing Tatum qui a besoin d’être correctement dirigé pour
être bon, et Dieu sait que les Wachowski n’ont jamais été de très grands
directeurs d’acteurs, est ici très mauvais.
Inutile
de s’étendre des siècles sur Jupiter Ascending
qui se révèle finalement être un blockbuster médiocre de plus dans l’océan
hollywoodien. Fade, un peu idiot, sans fond, brouillon – les adjectifs
commencent à manquer. On était en droit d’en attendre plus de cinéastes comme
les Wachowski – aussi imparfaits soient-ils. Pas la peine d’être un devin pour
voir venir l’incident industriel à la John
Carter de toute façon (avec qui il partage de nombreux défauts et qualités),
et la fin ouverte qui laisse vraisemblablement la place à une suite devrait se
refermer aussitôt les premiers chiffres du box-office arrivés. Dommage.
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