SAISON 1 - FX
Créée par Joseph Weisberg
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Deux
espions du KGB, infiltrés, dans les États-Unis de Reagan. Il y a dans le fond
un petit air de Breaking Bad dans The Americans : la question du
secret, de l’identité avortée et des apparences qu’on se donne. Chez Gilligan,
le trafiquant de drogues est un cinquantenaire père de famille atteint d’un
cancer, chez Weisberg, les agents russes sont un couple marié d’agents
immobiliers, parents de deux enfants. La CIA remplace la DEA, les informations
substituent la drogue, la banlieue de Washington en lieu et place du Nouveau-Mexique.
Mais
malgré ces apparences, The Americans
n’est pas une simple série d’espionnage. Certes, Weisberg, ayant anciennement
travaillé à la CIA, développe avec réalisme et passion ces arcs à suspense au
cours de cette première saison, mais lui-même décrit pourtant sa série comme
une œuvre sur le mariage. Sans doute ne signifie-t-il pas seulement par là le
mariage d’un homme et d’une femme, mais une alliance au sens large : celui
de deux partis, de deux entités opposées, différentes, ayant leurs
caractéristiques propres et leurs identités contradictoires. The Americans revisite la Guerre Froide
par le prisme d’un ménage, arrivant, dans un même temps, à tourner en ridicule
le clivage des deux blocs, et à réfléchir avec un certain pessimisme sur les
relations qui unissent les deux composantes d’un couple.
Sans
jamais être trop démonstratif, The
Americans parvient à distiller sa narration sombre et pesante avec une
grande maîtrise. Pourtant, elle conserve un problème de poids : la
comparaison. Avec Breaking Bad ?
Non, avec son pilote. Le premier épisode de la série est une telle claque qu’il
est vraiment difficile de l’égaler ensuite. Aucun des arcs suivants n’arrive à
se rapprocher de la scène d’intro démentielle, des plans à glacer le sang – le tout
dernier –, et de cette intrigue efficace parfaitement posée. The Borgias avait eu le même problème :
une introduction si parfaite que les péripéties qui suivront auront du mal à
impressionner.
The Americans n’est pas une grande
série. Pas encore. Des personnages interprétés avec talent par des acteurs
brillement dirigés, un vrai suspense qui vous passionnera de A à Z, une
direction artistique et une reconstitution admirables. Il manque un petit
quelque chose pour que la série de Weisberg passe au niveau supérieur, comme il
manque un petit quelque chose pour que FX concurrence HBO sur son terrain. Ce n’est
pas le talent, ce n’est pas les moyens, ce sont peut-être leurs ambitions.
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