Lancinante, mélancolique, subjective, mais aussi très académique : avec cette atmosphère bleutée, ce regard proche mais objectif sur ses protagonistes, Looking s'admire d'abord par sa mise en scène. Si dans l'ensemble, cette dernière se révèle très classique, la qualité assez impressionnante de la photographie, du cadrage, de l'éclairage, confère à l'ensemble une identité visuelle très marquée. Chose bien moins présente dans la narration, peu originale et pas nécessairement hors du commun. C'est bien là la limite de Looking : si réussie techniquement soit-elle, on n'a jamais l'impression de regarder quelque chose de grand, de marquant, d'inoubliable. Plus une petite sucrerie sentimentale anecdotique mais appréciable, traitant - certes avec beaucoup de clichés - d'une communauté souvent reléguée au second plan à la télévision.
Le casting est très propre : si Jonathan Groff n'est pas toujours très crédible en candide gay bourgeois, le reste des acteurs - et principalement Murray Bartlett en pleine crise de la quarantaine - font un très bon boulot devant la caméra. Il faut dire que Lannan parvient à très bien capter les émotions et les caractères de ces différents visages, à les analyser sans les pousser trop loin à l'écran. Dans le genre subtile, c'est on ne peut plus accompli.
Intéressante mais peu courageuse, singulière mais peu originale, c'est autant de paradoxes qui composent cette première saison de Looking, bourrée de qualités dont on imagine difficilement comment elles pourront évoluer beaucoup plus à l'avenir. Cette fresque communautaire fascinante n'ennuie pas mais émeut très peu. A vrai dire on l'oubliera très vite, mais il est indéniable que ça passe le temps : reposer ses neurones trente minutes par semaine devant une dramédie sentimentale techniquement pas dégueulasse, c'est une offre très généreuse de la part d'HBO. Même si on est habitué à mieux.
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