Sur le papier, Helix ressemble à un remake non-avoué du The Thing de Carpenter, revisité à la sauce zombies : le pilote va même dans ce sens, et est à cet égard plutôt convaincant. Puis, plus la série évolue, plus ces errements horrifiques et mystérieux laissent place à une oeuvre tout autre : réflexion non camouflée sur la génétique, la morale scientifique, l'eugénisme, l'immortalité, le pouvoir divin et la religion, Helix est au fond une série extrêmement intéressante. Si ce n'est singulière. Puisque contrairement à beaucoup de séries de science-fiction dont le concept n'est propice qu'aux péripéties, ici la base de Helix dessert une réflexion philosophique surprennement poussée assez loin. Il est quand même nécessaire de rappeler que si Syfy fait des séries plutôt médiocres en général, elles possèdent paradoxalement toutes un vrai message, un thème propre, toujours objet d'analyse très pertinent. Ajoutez à cela quelques séquences anxiogènes au possible, et Helix serait presque proche de la série de hard SF ultime que tout le monde attendait.
Pourtant la forme n'a rien de très intéressante en soi. Les intrigues traînent en longueur, les arcs s'éternisent, les personnages sont des coquilles vides malgré les tentatives désespérées des scénaristes pour les développer, la mise en scène est relativement plate même si quelques bonnes idées (la bande-originale décalée en totale contradiction avec le propos du show qui lui donne un certain côté burlesque assez réjouissant) viennent sauver cette affaire d'une catastrophe qui pointe son nez en fin de saison.
Au final, le propos scientifique semble avoir peu à peu déserté la série. Les derniers épisodes relèvent ainsi bien plus du délire fantastique que du thriller chirurgical de science-fiction du début de saison. C'est dommage, et il y avait surement de meilleures choses à faire, surtout que Helix n'est pas loin d'être une véritable bonne série. On condamne peut-être la création de Cameron Porsandeh trop tôt : la deuxième saison nous donnera sans doute tort ou raison de façon définitive, suivant la direction prise.
« Il est difficile d'être un Dieu », titraient les frères Strougatski. Helix se rapproche effectivement de la pensée d'un Jurassic Park. Michael Crichton n'est pas très loin de cette fable moderne sur le pouvoir de la science, pertinente moralement mais peu convaincante formellement. Un jour il faudra quand même que Syfy se décide à approfondir davantage ses projets, ou les refiler à de vrais chaînes. Helix est encore une fois l'un des malheureux exemples de cette règle qui semble tragiquement suivre le destin de ces programmes : concept en or, résultat en carton. Triste.
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