Ils
attendent, assis sur un banc dans la cour du lycée, traînant leurs pieds dans
cette banlieue désuète, ou avalant sans retenue les plats dégueulasses de la
cantine. Ils attendent la liberté, la fin des cours, le début de l’âge adulte,
ne sachant visiblement pas la chance qu’ils ont, à rigoler entre potes pour se
moquer des têtes de classe, à vivre ces amourettes aussi futiles qu’éphémères,
à écouter, lassés, le prof de philo débiter ses cours sans que lui-même n’y
comprenne grand-chose.
Qu’ils
soient des nerds, des glandeurs, des intellos ou des brutes, tous n’aspirent qu’à
une chose : vivre ces moments le plus vite possible, les mettre derrière
eux et se lancer dans la vie. Peut-être est-ce là la beauté même de cette
époque, de cette insouciance face à l’existence qu’on considère presque comme
une épreuve alors qu’elle est une bénédiction. Les « années lycées »,
on ne les oublie jamais, Freaks and Geeks
le rappelle avec nostalgie et grâce. Pas besoin d’être un enfant des eighties
pour l’apprécier, il suffit juste d’avoir été un gosse, un jour, et de se souvenir,
la larme à l’œil, le sourire aux lèvres.
Dix-huit
chapitres, c’est bien court pour tant d’heures passées sur les bancs d’école.
Bien assez pour être ému, tourmenté et bouleversé avec ces freaks et ces geeks, les
accompagner dans leur quotidien, rire de leurs emmerdes, se réjouir de leurs
réussites et s’inquiéter de leurs échecs. Freaks
and Geeks est une œuvre de l’instant présent : sa courte durée nous
force à la savourer à chaque instant, prendre chaque épisode comme une pièce
unique et la déguster, autant que possible.
La
cloche retentit, le bus disparaît au loin, l’école est finie. C’est frustré qu’on
regarde s’éloigner nos potes d’un temps. On ne les reverra jamais, ou alors
plus comme avant, mais ça on ne le sait pas encore. Ils resteront pourtant
toujours là, dans un coin de notre mémoire, des fantômes du passé dans un
brouillard épais. Inaccessibles, vieillis mais sublimés par le temps, et
pourtant toujours aussi simples. Qu’il s’agisse d’un meilleur ami, d’un amour
passager, du binoclard du fond de la classe ou du boutonneux fort en maths. La
star de la classe aux côtés de la tête à claques, tous deux magnifiques, côte à
côte dans un souvenir embrumé. Dix-huit épisodes pour s’attacher, dix-huit
épisodes pour les aimer, dix-huit épisodes pour les détester, dix-huit épisodes
pour les quitter. Autant en profiter.
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