Mais c'était sans compter sur le talent de Del Toro. Plus que de simplement influer sur The Strain, il y impose sa marque de fabrique, sa vision artistique, son sens de la mise en scène, son univers à la fois kitsch et flippant. Visuellement, c'est dès le départ une grosse claque - la direction artistique est vraiment excellente, il y a un vrai travail sur l'image, sur les couleurs, à un tel point que tous les plans semblent à la fois très ancrés dans le réel et très artificiels dans leur construction générale. C'est brillant, c'est travaillé, c'est tout simplement beau - encore faut-il apprécier l'ambiance du cinéaste, mais si on n'y est pas allergique, il n'y a pas de soucis à se faire.
Passé cet aspect bien plus formel, c'est ailleurs que The Strain pèche le plus. Son scénario, ses acteurs, surtout. La série aime prendre son temps, et cette intention est louable, mais il est vrai que la suivre au rythme hebdomadaire était une expérience très frustrante - un épisode pouvant ne pas vraiment faire avancer l'intrigue, ou tout simplement la faire reculer, alors que les promesses faites quelques épisodes plus tôt étaient très enthousiasmantes. Dialogue parfois approximatifs, raccourcis narratifs à la limite du ridicule, personnages très classiques même si plutôt attachants. Pourtant l'univers tissé par le duo Del Toro - Hogan est très intéressant, le background est amené lentement et avec suffisamment de mystères pour maintenir l'attention. Le traitement du mythe du vampire est original, s'inscrit dans un contexte et dans un monde qui apparaît comme bien plus large pour le spectateur. Les choix créatifs quand à sa représentation (effets spéciaux, décors) sont à ce titre très réussis et appuient l'ambition et l'accomplissement visuel de The Strain.
L'autre problème de la série est effectivement son casting. Il y a de bonnes gueules : Corey Stoll qui était bien l'un des plus grands atouts de la saison 1 de House of Cards, David Bradley qui a vraiment toujours la grande classe en vieillard grognon, ou encore les noms plutôt connus que sont Sean Astin, Kevin Durand ou Jonathan Hyde. Et au final, tout ça est bien mal exploité, entre un Stoll qui cabotine, nombre d'acteurs mal dirigés... les seuls à vraiment tirer leur épingle du jeu, ce sont Kevin Durand, jouissif au possible, et Richard Sammel, flippant en ex-nazi au regard de Goebbels - même si caricatural.
The Strain possède autant d'énormes qualités que de défauts qui font obstacle à sa pleine réussite. Exemple typique de la série en dents de scie qui peut alterner un épisode fantastique de huis-clos dans une supérette qui n'a rien à envier à du Romero, avec un autre épisode de quarante minutes pas très intéressantes composé de plans foireux et même souvent avortés de la part des protagonistes. C'est frustrant, rageant, certaines scènes font vraiment plaisir mais beaucoup font chuter l'intérêt du show. Série schizophrène par excellence, tantôt génialement jouissive, terrifiante, touchante ou même surprenante, tantôt ennuyante et convenue. Dans tous les cas, l'évolution de l'intrigue - si pénible soit-elle - est suffisamment prometteuse pour garder beaucoup d'espoirs dans la saison 2 prévue pour l'année prochaine.
Bonne critique, en phase avec ce que j'ai ressenti. Bon, perso j'étais prévenu, ayant été assez refroidi par la lecture des trois bouquins. J'en suis resté à la hackeuse qui fait tomber les Internet avec un PC double-écran, et qui perd toutes ses données qu'elle avait trouvé bon de stocker sur une clé USB. Au secours.
RépondreSupprimerC'est clair qu'il ne faut pas chercher énormément de crédibilité !
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