SAISON 1 - HBO
Créée par Damon Lindelof, Tom Perrotta
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HBO est en pleine transition : avec les fins de Treme, Boardwalk Empire, True Blood et The Newsroom la même année, il ne lui restait alors plus qu’une
seule série dramatique dans sa programmation – nul besoin de préciser laquelle.
2014 et 2015 sont donc des années charnières pour la chaîne, et Dieu sait que
celle-ci en a souffert par le passé (les annulations successives de Deadwood, Carnivale et Rome à la
fin des années 2000). Après le lancement très réussi de True Detective en début d’année, The Leftovers arrivait un peu en outsider. Développée par Damon
Lindelof, qui a fait ses armes il y a dix ans sur les premières saisons de Lost, et par Tom Perrotta, l’auteur du
livre dont s’inspire très librement la série, The Leftovers prend place trois ans après que 2% de la population
mondiale ait disparu mystérieusement du jour au lendemain. Un concept à la fois
surprenant et plutôt casse-gueule, mais le traitement n’est pas vraiment celui
qu’on attendait.
C’est surement ce qui a dû déstabiliser plus d’un spectateur
(et faire un peu le ménage dans sa cible démographique dès les premiers
épisodes), car The Leftovers est loin
d’être une série qui s’adresse à tout le monde. Rythme lent, séquences presque
contemplatives pour une narration qui s’attache avant tout à raconter le
quotidien des survivants du fameux 14 octobre, on pense évidemment à Lost pour la manière qu’a la série de
dégager une multitude d’énigmes et de mystères, mais ce n’est pas vraiment
l’influence la plus visible de la création de Lindelof, qui se rapproche plus
souvent de Six Feet Under – recherche
visuelle très similaire, traitement du deuil, personnages perturbés et scènes
hallucinées. La comparaison peut paraître appuyée, mais elle n’est pas si
invraisemblable. Car un peu comme l’œuvre d’Alan Ball, The Leftovers a cette façon de s’intéresser à de nombreux thèmes,
messages et questionnements existentielles – religion, deuil, mémoire. C’est à
la fois très juste et réellement bouleversant, car en prenant un point de vue
très terre à terre (parfois en ne suivant qu’un seul personnage pendant tout un
épisode), la série se met à hauteur d’homme, émotionnellement et dans sa
diégèse, sans jamais jouer la carte des larmes faciles.
Le casting est très propre, mais on retiendra surtout
Christopher Eccleston, qu’on aimerait voir plus souvent, et Carrie Coon,
excellente et dont le traitement du personnage est admirable. Autre grande
réussite de The Leftovers, sa mise en
scène – on voit que les requis artistiques de HBO sont bien présents, et en
plus de livrer une réalisation techniquement léchée et cohérente, on a le droit
à de très beaux cadres et de nombreux plans forts de sens qui ne se limitent
pas à illustrer le script, mais en deviennent une vraie valeur ajoutée.
Il aura fallu plusieurs à épisodes à The Leftovers pour s’imposer complètement, mais il n’en reste pas
moins que la nouvelle création de Lindelof se classe d’ors et déjà comme l’une
des meilleures nouveautés de l’année. Intelligente, bouleversante,
techniquement parfaite et surtout fascinante – on tient peut-être un chef
d’œuvre en devenir. Reste à savoir comment tout ça s’argumentera dans les saisons
suivantes, alors qu’on sait que le créateur a un plan de six actes en tête.
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