Il serait un peu présomptueux de prétendre pouvoir résumer La Sagesse des crocodiles, pas que le film de Leong soit complexe, mais il ne raconte à proprement dit pas grand chose - pas vraiment d'action en dehors d'une enquête policière à peine développée et d'une fausse-idylle tout aussi superficielle, une mise en scène et un scénario qui ne disent rien - ne cherchez pas une réflexion sur l'immortalité ou l'amour impossible, il n'y en a pas. La Sagesse des crocodiles c'est tout simplement un film d'ambiance - expression à réellement prendre au pied de la lettre tant elle semble englober à la fois les enjeux et la forme d'un métrage qui poche autant dans l'esthétique nineties que dans la narration contemplative propres à certains cinéastes marginaux de cette même période.
Jude Law transcende grandement ce thriller placide, que rien ne semble pouvoir perturber de sa quiétude constante. Il interprète un personnage mystérieux, d'une complexité qui ne trouve pourtant que très peu de justification. C'est à la fois reposant et frustrant - comme si le temps que le film passe à construire ce rythme, ce climat elliptique aurait pu être mieux utilisé à renforcer sa volonté de faire dans l'originalité en se forgeant un arrière-plan plus marqué.
La démarche est très intéressante, le tout est juste assez curieux et perméable pour qu'on puisse s'y plonger sans soucis, mais le film se heurte aux limites de sa propre finalité - en jouant la carte du sensoriel il raye de sa cible les spectateurs les moins réceptifs. Et c'est toujours très difficile de juger ce genre de film. Car La Sagesse des crocodiles accompli ce qu'il s'était promis, faut-il alors en retenir un manque d'ambition ? La question est là, et tout dépendra de la manière que chacun a de séparer l'objectif du subjectif.
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