RÉALISÉ PAR BRETT RATNER
AVEC DWAYNE JOHNSON, JOHN HURT, IAN MCSHANE
De temps en temps, le marché du cinéma et ses voies impénétrables trouve l'intérêt de sortir plusieurs fois la même année des films sur le même sujet. On a eu Volcano et Le Pic de Dante, Blanche Neige et Blanche Neige et le chasseur, ou encore deux Guerre des boutons à une semaine d'intervalle en septembre 2011. Parfois ce sont des affaires de domaine public, alors ça fait une vague excuse, mais ce n'est, vous vous en doutez, pas le cas de Hercule. Si La Légende d'Hercule de Renny Harlin (qui trouve encore le moyen d'apporter de sa grandeur au cinéma hollywoodien en 2014) avait fait l'unanimité en début d'année, le statut de cette nouvelle vision du mythe est beaucoup plus complexe : là où voir Dwayne Johnson rouler des mécaniques et tabasser des grecs peut titiller la curiosité, le nom de Brett Ratner à la réalisation repousse n'importe quel spectateur sain d'esprit de l'idée saugrenue d'aller voir ce film en salles.
On en a entendu des vertes et des pas mûres sur Hercule, à tort ou à raison, ce n'est pas vraiment la question : la bande-annonce suintait le film bourrin sans cervelle mais quelques choix esthétiques semblaient presque intéressants... Dans les deux cas c'est être à côté de la plaque : Hercule n'est ni une réussite esthétique, ni un film bourrin sans cervelle, car aussi incroyable que cela puisse paraître, Hercule est un film malin. Attention ! Pas un film intelligent, ni un film profond, mais un film malin, rusé, qui joue avec son sujet avec une certaine maîtrise et surtout pas mal de réussite. Et c'est un aspect du film qui n'est pas du tout retranscris dans sa promotion : Hercule, en tout cas dans sa première partie, déconstruit complètement le mythe qu'il traite, son personnage principal est un imposteur, les "Lion de Némée", "Hydre de Lerne" et autres "Cerbère" n'existent pas et ne sont que des affabulations, de la communication en -350 avant J.C. au travers d'un scénario qui tente paradoxalement de trouver une valeur historique à son sujet.
Mais ça c'était au début. Car là où la surprise de se retrouver devant un blockbuster rusé et pas trop tape à l’œil au départ fait vraiment plaisir au début du film, il y a un virage narratif assez important à une heure de bobine qui fait prendre une direction opposée au film de Ratner : ça devient bourrin, sans cervelle mais surtout jubilatoire. On nous avait vendu Hercule comme un mortel imposteur, en fait c'est un Conan le Barbare bis, invincible, honorable, vaillant et généreux. Combats à coup de poings, de statues de cent tonnes, de flèches enflammées et de cris de guerre bien virils. Comme si le film voulait se rattraper. Dwayne Johnson est excellent et est définitivement l'acteur d'action nouvelle génération le plus charismatique, le reste du casting fait le boulot et Ratner s'amuse comme un enfant.
Alors oui, les spectateurs en quête de respect de la sainte mythologie ne vont pas y trouver leur compte... Mais vous vous en doutiez un peu, non ? Par contre ceux en quête de nanar n'auront rien non plus à se mettre sous la dent, car Hercule n'en est pas un. Relativement surprenant, divertissant et pas mal foutu, le film de Ratner se place comme un agréable moment pop-corn qui ne se prend jamais pour plus intelligent qu'il ne l'est vraiment. Rien d'extraordinaire, mais très loin de la catastrophe annoncée. Let's Rock.
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