Mon Top 30 des films de 2019

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mercredi 30 juillet 2014

National Security


RÉALISÉ PAR CHUNG JI-YOUNG
AVEC PARK WON-SANG, LEE KYOUNG-YOUNG, MYEONG GYE-NAM
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La Corée du Sud a une histoire passionnante et, malheureusement, très sanglante. Les agissements de la dictature militaire qui œuvra jusqu'à la fin des années 80 sont encore aujourd'hui ancrés dans l'esprit des sud-coréens, et cela se ressent fortement dans leur production cinématographique - le fameux Soulèvement de Gwangju a par exemple était une importante source d'inspiration pour de nombreux films. National Security, s'il l'évoque, n'en fait cependant pas un élément central de l'intrigue. Le film raconte les 22 jours de la torture d'un homme, Kim Jong-tae, accusé d'être un espion communiste. Un concept simple porté à l'écran par Chung Ji-young, et c'est important de noter le nom du réalisateur car celui-ci est dans le milieu depuis les années 70 (il était l'assistant réalisateur et scénariste du renommé Kim Soo-yong), ce qui, pour ceux qui s'y connaissent un peu, est extrêmement rare dans le cinéma sud-coréen actuel. Auteur, entre autres, de North Korean Partisan in South Korea et White Badge, sortis au début des années 90 et qui sont souvent cités comme les prémices du cinéma kimchi post-dictature (le début de la vague culturelle Hallyu).


National Security suit donc le destin d'un homme pendant trois semaines - torturé, malmené, brutalisé. Le fait que Chung soit un vieux de la vieille promet déjà une mise en scène mature et maîtrisée. À défaut d'être ambitieuse, la réalisation est léchée, classe et quasiment irréprochable, évitant le piège du spectaculaire en livrant des scènes de torture affreusement réalistes. Ceci renforcé par l'absence totale de rupture de ton comme le font beaucoup de films coréens - Chung garde son sérieux jusqu'au bout, traitant avec respect un sujet si bouillant et - malheureusement - encore d'actualité. Ainsi National Security n'est pas vraiment un film historique : il se place effectivement dans un contexte défini (la réaction gouvernementale aux mouvements démocratiques sud-coréens dans les années 80) et s'inspire bel et bien d'une histoire vraie, même si globalement romancée, mais sa forme et son récit sont réellement universels, comme le prouve le panneau à la fin du générique.
En plus de ça, National Security se paie un casting dément : Park Won-sang est absolument génial, un rôle bouleversant (et difficile) interprété avec justesse (je me demande encore comment ils ont fait pour tourner certaines scènes de torture sans trucages), mais aussi le vétéran Lee Kyoung-young, impeccable dans le rôle de son terrifiant tortionnaire.


National Security est effroyable - effroyable car réaliste et dérangeant. On sait tous que la torture c'est pas bien, mais le film la rend même douloureuse pour le spectateur. On souffre avec le personnage principal, on gagne et on perd espoir au fur et à mesure qu'avance l'histoire. Il manque sans aucun doute la goutte qui aurait fait du film un grand film (qui aurait sans doute gagné à accentuer encore plus sa critique du pouvoir politique, mais ça n'en reste pas moins très pertinent), mais ce serait bien faire la fine bouche que de passer à côté. Rude, brutal et désespéré, un hommage magnifique aux victimes quotidiennes de la torture dans le monde. Belle claque qui ne vous lâche pas pendant presque deux heures, préparez-vous à une véritable torture - séquelles garanties.

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