Avec son casting cinq étoiles (Martin Freeman, Billy Bob Thorton, le fils de Tom Hanks), Fargo avait dès le départ des arguments d'importance. Les interprètes sont tous excellents, à commencer par Thorton, qui fait certes dans la caricature (l'atmosphère générale le demande), mais qui a su, en à peine quelques épisodes, à tisser l'un des personnages les plus cultes de ces dernières années série. Chacune de ses répliques est un délice d'écriture et d'interprétation, chacune de ses apparitions propice à une scène encore plus follement jouissive que la précédente. Son personnage a beau être terrifiant, il souligne à merveille la reprise du parti pris coenien : celui de rire de l'homme, de sa bêtise ou de sa simple nature. Fargo 2014 est, à l'image de son ancêtre, une série à la dimension comique évidente - dans ses dialogues, le ridicule de ses personnages et de ses rebondissements, son imprévisibilité constante, et sa mise en scène, lorgnant tantôt vers le burlesque, tantôt vers un aspect bande-dessinée. Cet aspect est d'ailleurs souligné par certains choix de casting, comme celui de recruter le fameux duo comique Key & Peele pour le rôle des agents Budge et Pepper : Fargo veut faire rire, et réussi à merveille ce pari. "Oserez-vous en rire ?" titrait l'accroche du film : la série parvient donc à le déclencher dans les scènes plus tragiques et dramatiques qu'elle peut nous proposer.
Autre point incroyable de Fargo, c'est sa mise en scène : loin d'être tape-à-l’œil, souvent discrète, elle n'en reste pas moins excellente. Tant dans le montage (avec un rythme de changement de plan dans les dialogues qui rappellerait les meilleures scènes de Arrested Development) que dans un sens du cadre qui parvient à capter à merveille l'atmosphère climatique du lieu et l'atmosphère narrative du scénario. On ne compte plus les magnifiques plans qui ont su rythmer cette saison 1 - une réalisation subtile à laquelle il faut vraiment faire attention pour en déceler la qualité, mais une réalisation de grande qualité qui surpasse par ailleurs True Detective (puisqu'on m'a souvent dit que cette dernière était mieux foutue) en terme d'intelligence et de message.
On pourrait dire encore plein de choses sur Fargo : sa vision de l'homme jouissive, la construction admirable de son intrigue (on a beau ne pas savoir où l'on va, la série sait, elle, où elle nous dirige) et de ses personnages (l'évolution de Lester) ou la révélation qu'a pu être Allison Tolman - la série n'en reste pas moins un must-see instantané, qui, encore plus d'être la meilleure nouveauté de ce début d'année, est l'un des produits télévisuel les plus réussis depuis un bout de temps, à la fois unique (dans sa forme) et ultra-référencé. Une belle claque dont on attend d'ors et déjà avec impatience le renouvellement pour une saison 2.
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