RÉALISÉ PAR PATRICE LECONTE
AVEC REBECCA HALL, RICHARD MADDEN, ALAN RICKMAN
Ça ressemblerait presque à une
mauvaise blague : Patrice Leconte, réalisateur de la trilogie des Bronzés ou encore de La Guerre des Miss, à la direction d’un
film romantique anglais (mais qui prend place en Allemagne, cherchez l’erreur)
avec au casting Alan Rickman, Richard Madden (le Robb Stark de Game of Thrones) et Rebecca Hall, que
visiblement Lady Vegas n’a pas
dissuadé de continuer sa carrière d’actrice. Je suis mauvaise langue :
Leconte c’est aussi des bons films, dont Ridicule,
film en costumes lui aussi (mais dont le ton était tout autre)… Mais le
cinéaste français n’a probablement pas réalisé un bon métrage depuis quinze
ans, et le voir s’exporter pour la première fois n’avait rien de rassurant,
parce qu’en plus, tenez-vous bien, Une
Promesse est une adaptation. De quoi, de qui ? Le Voyage dans le passé de Stefan Zweig. Oui, oui, l’homme à l’origine
des Bronzés 3 adapte celui à l’origine
du Joueur d’échecs. C’est comme si
Michael Bay adaptait Les Frères Karamazov.
Au-delà de l’aspect loufoque du
projet, Une Promesse est d’un sérieux
impassible. Quatre-vingt-dix minutes de romance simplette, de musique au piano
et de voix-off qui lisent les lettres du bien-aimé. Passé une entame plutôt
correcte, le film devient inintéressant au possible, et sa courte durée ne l’empêche
pas de durer des plombes. C’est mou, lent, niai et déjà-vu.
Le plus fou dans cette affaire, c’est
que le scénario d’Une Promesse est
presque un point positif quand on voit la mise en scène de Leconte. Ce n’est
même pas une réalisation plate comme on aurait pu l’attendre, non, c’est encore
pire que ça : dans un élan égocentrique ou trop ambitieux, Leconte a
choisi de filmer tout ça en caméra portée. Le problème c’est que le film est
constitué en grande partie de plans fixes, et voir la caméra bouger dans tous
les sens et en profiter pour faire des zooms improbables quand deux personnages
discutent tranquillement autour d’un thé, ça frôle le ridicule. Pas qu’il soit
défendu de briser certains codes, mais le résultat est ici infâme et gerbant,
comme si Paul Greengrass s’était invité sur le tournage et avait pris en charge
le cadrage.
Encore pire : après tout ça,
on s’imagine que le casting sauvera les meubles ? Pas du tout :
Rebecca Hall surjoue, Alan Rickman est effacé, Richard Madden est dans un rôle
vide d’intérêt. Ils ont l’air de s’amuser mais la sauce ne prend pas.
Les jeux de mots étant de coutume
lorsqu’on parle d’un navet, la promesse d’Une
Promesse est plutôt respectée : on s’attendait à de la merde, surprise
c’est de la merde. Ça sent comme un navet, ça a le goût d’un navet, et ça a
toutes les caractéristiques d’un navet, il aurait été étonnant qu’il s’agisse
au final d’autre chose qu’un navet. En plus de pouvoir se vanter d’être l’une
des plus grosses catastrophes du genre depuis plusieurs années, Une Promesse est un véritable succès critique
auprès de la presse française. Il aura fallu attendre que Leconte filme des
allemands qui parlent anglais en Belgique pour que le Torchon du Dimanche trouve qu’il capte à merveille les
frémissements de l’âme : amusant et terrifiant.
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