RÉALISÉ PAR MARC WEBB
AVEC ANDREW GARFIELD, JAMIE FOXX, DANE DeHAAN
Les plus difficiles d’entre nous
en auront la gorge nouée, mais qu’importe, je le dis : The Amazing Spider-Man : Le Destin d’un
héros est un projet passionnant. Peut-être pas pour les meilleures raisons
du monde, mais il l’est. Parce que ce second volet du reboot de la saga Spider-Man arrive dans des conditions
particulières et avec des ambitions énormes : celle de créer un univers
cinématographique propre à Spider-Man,
et celle d’aller titiller Disney et son MCU. Il faut dire qu’en face, DC semble
prendre son temps pour construire le sien, Batman
VS Superman n’est pas attendu avant près de deux ans et la Justice League n’est encore qu’un
projet. Une guerre interne semblait alors inévitable : en pole position
avec plusieurs années d’avance, Disney/Marvel et son MCU, à droite Sony
Pictures et Spider-Man (qui détient l’exclusivité
de l’exploitation en salles), et à gauche la Fox (en coprod avec Bad Hat Harry
Productions, la société de Bryan Singer) avec les X-Men et les Fantastic Four.
Là où la tâche de la Fox pour construire un « univers cinématographique »
à partir des X-Men semble
relativement simple au vu du nombre de personnages et d’époques (cinq projets
sont d’ailleurs en cours), l’intérêt de cette guerre civile au sein de l’adaptation
de Marvel au cinéma allait se situer chez Sony : un seul comics, un seul
super-héros à proprement parler, et pas n’importe lequel.
Sorti il y a deux ans, The Amazing Spider-Man avait énormément
divisé, car si le film de Marc Webb proposait un fil narratif et une ambiance
visuelle nettement plus mature que les films de Sam Raimi, l’aspect « Teen
Movie » et relativement anecdotique du scénario en avait rebuté plus d’un.
Dès sa sortie, une suite est mise en chantier, et lors de son développement,
tout plein de suites et de spin-offs sont annoncés par la prod : The Amazing Spider-Man 3 et 4, un film
centré sur Venom et un autre sur les Sinister Six. Pour ceux qui espéraient un
virage important dans la direction artistique de cette suite, c’est raté :
The Amazing Spider-Man 2 reprend les
codes et les choix visuels de son prédécesseur, de même pour le scénario qui
demeure cohérent avec celui du premier volet dans sa manière d’exposer son
intrigue.
Pourtant, cette suite est une
agréable surprise sur tous les plans. Narrativement déjà, puisqu’on a ici deux
des méchants adaptés de comics les plus intéressants depuis le Joker de Heath
Ledger. Jamie Foxx est excellent, Dane DeHaan prouve qu’il est l’un des
meilleurs acteurs de sa génération et qu’il faudra définitivement suivre sa
carrière de très près. Les personnages sont plus fouillés, la construction du
film se fait à un rythme parfait, l’action ne prenant jamais le dessus sur la
psychologie des protagonistes. Alors après, ne nous leurrons pas : The Amazing Spider-Man 2 ce n’est pas du
Freud non plus. On regrettera par exemple que le réalisateur de (500) jours ensemble trouve le moyen de
rendre une amourette aussi niaise à l’écran, et de capter aussi moyennement les
affres de l’adolescence. Andrew Garfield, s’il n’est pas aussi inexpressif que
Tobey Maguire, n’est pas non plus très convaincant même si il correspond très fidèlement
au Spider-Man des comics, de même pour Emma Stone qui se révèle plus agaçante
qu’autre chose.
Marc Webb livre une mise en scène
énergique et réussie, percevant avec brio l’essence même du comics original. La
3D est bien utilisée, la bande-originale du film est parfois un peu effacée
mais souligne à merveille les séquences d’action. On en viendrait presque à
penser que The Amazing Spider-Man 2
est le meilleur film de superhéros depuis Avengers.
Et d’une certaine façon c’est le cas (faut dire que la concurrence est plus ou
moins minable, le seul pouvant aussi prétendre à ce titre est le récent Captain America : Le Soldat de l’hiver).
A défaut d’être très original, ce nouveau film de l’homme araignée est par la
même occasion le meilleur de la saga – des méchants très réussis et juste assez
ambiguës pour appréhender l’empathie du spectateur, une mise en scène classe et
quelques choix surprenants (notamment vers la fin), loin d’être réguliers dans
un genre pas loin d’être esseulé.
Belle surprise de ce début d’année,
un film imparfait mais qui offre de belles séquences et surtout des espoirs
certains en l’avenir de la saga. Si Marc Webb devrait faire ses bagages après
le troisième film, une atmosphère réussie et des ambitions définies ont enfin
été inscrites dans cette nouvelle saga polémique. Le film divisera assurément,
entre les nostalgiques de la trilogie reine du kitsch de Raimi et les
pisses-froids qui s’attendent à chaque fois au nouveau The Dark Knight, mais ne boudons pas notre plaisir : un
blockbuster qui, à défaut d’être intelligent, apporte un peu de fraicheur au
milieu des copies conformes habituelles du MCU. Une franche réussite.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire