Difficile d'émettre un avis sur le dernier volet de Cronenberg sans dévoiler quelques éléments de l'intrigue dont il vaut mieux avoir la surprise une fois dans la salle - dans tous les cas, tous pointent vers un même constat : Maps to the Stars est un film malsain. Terriblement malsain. Pas nécessairement un film qui va vous déranger intérieurement sur le moment, mais l'ambiance rude et cynique qui s'installe dès les premières minutes du film donnent au spectateur une sensation forte, typiquement dans la lignée de ce que Cronenberg a pu créer depuis le début de sa carrière. Maps to the Stars ne laisse pas indifférent, dérange mais ne choque pas. C'est peut-être ce qui manque au film, car si Cronenberg parvient à interroger, il ne parvient jamais à prendre les tripes de son spectateur - il n'est pas sage, certes, et son portrait terrifiant d'Hollywood est un délice, mais c'est un long-métrage très froid, distant des sentiments habituels vécus dans une salle de cinéma - proche de Cosmopolis d'une certaine façon, d'une grande richesse scénaristique et symbolique mais pourtant très didactique dans sa manière de dérouler son intrigue.
Julianne Moore crève l'écran et pourrait bien repartir avec un Prix d'interprétation. Le reste du casting est lui aussi utilisé à merveille, la révélation restera le jeune Evan Bird (dans le rôle de Benjie Weiss) qui interprète une sorte de croisement entre un Justin Bieber, un Shia Labeouf et un Zac Efron, et constitue probablement l'image la plus forte du film - celle d'une génération intoxiquée par le système qu'elle construit elle-même, celle des enfants d'Hollywood. À l'heure où les affaires de drogue impliquant Justin Bieber et les excès réguliers de Miley Cyrus font les titres de la presse people, le personnage de Benjie Weiss possède une résonance incroyable. Cette même analogie se produit pour la majeure partie des personnages, qui au-delà de leur indépendance scénaristique, sonnent tous comme des métaphores de réalités bien ancrées dans l'inconscient hollywoodien.
Maps to the Stars est un film qui divisera, autant chez les curieux que chez les amateurs du maître Cronenberg. Trip satyrique qui lorgne autant vers la comédie coenienne, le film de genre et le drame métasocial - une oeuvre assez unique dans le paysage cinématographique, moment de pur cinéma imparfait qui ne laissera de marbre aucun spectateur. La phrase "on adore ou on déteste" n'aura jamais eu plus de sens que dans le cas de Maps to the Stars. Hollywood vu comme une usine à cauchemars par ses déchets, rien que sur le principe ça ne peut faire qu'envie.
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