Réalisé par Georg Maas (2014)
Avec Juliane Kohler, Liv Ullmann, Sven Nordin
Les « Lebensborn », ou plus communément les enfants de la honte, est une page obscure et relativement méconnue
du Troisième Reich puis de la RDA. D’une
vie à l’autre s’attaque à ce sujet probablement jamais abordé au cinéma – la
démarche de Georg Maas peut d’ailleurs être mise en parallèle de celle de La Vie des autres de Florian Henckel von
Donnersmarck : Allemagne de l’Est, Stasi, faits réels. Réalisé par un
documentariste, avec au casting toute une pléiade d’acteurs plus ou moins
connus (notons la présence de Liv Ullmann, célèbre pour ses nombreuses
collaborations avec Ingmar Bergman sur Persona,
Cris et Chuchotements ou encore Sonate d’automne), D’une vie à l’autre (Zwei
Leben en version originale) est donc un thriller politique/historique aux
accents de film d’espionnage, présenté (mais pas nominé) aux derniers Oscars
par l’Allemagne.
Le cinéma allemand contemporain
est souvent passionnant lorsqu’il s’intéresse à sa propre histoire (notamment
les « Deux Allemagne »), et on était en droit d’en attendre beaucoup
de ce film acclamé outre-Rhin. Mais l’évidence arrive bien trop tôt : que
ça soit par le biais d’une mise en scène lourde, d’un scénario inutilement
complexe et d’une narration décousue, D’une
vie à l’autre ne convainc pas. Il faut dire que le réalisateur ne semble
pas être très expérimenté, et si il sait indéniablement filmer de beaux plans,
la mise en scène ne fait preuve d’aucune subtilité : les flashbacks en
sépia avec un gros grain photo, les scènes en Allemagne avec un éclairage
sombre à l’opposé des scènes en Norvège qui bénéficient d’une lumière aveuglante
omniprésente. Des effets de style qui, s’ils arrivent à créer un certain
intérêt dans de rares scènes, participent surtout à l’image boursoufflée d’un
film très prétentieux dans sa forme.
Et malheureusement, rien ne
compense ces erreurs de style dans le scénario qui, s’il a le mérite d’éclairer
le spectateur sur des événements occultés de l’histoire allemande, ne s’envole
jamais et se définit assez rapidement comme un thriller d’espionnage d’une
banalité déplorable. Un peu plus et on aurait pu croire être devant un téléfilm
à gros budget (Georg Maas vient de la télé, c’est sans doute un signe). Et ce
malgré les performances satisfaisantes de l’ensemble du casting (il faut dire
que ça fait plaisir de voir Liv Ullmann dans un rôle important à son âge).
Rien d’exceptionnel dans ce
thriller germano-norvégien. Malgré un aspect pédagogique plutôt admirable (mais
qui aurait eu davantage d’intérêt dans un documentaire, par exemple), D’une vie à l’autre n’est au final qu’un
téléfilm distribué en salles : scénario simplet et bêtement complexifié,
effets de réalisations ratés et un ennui ferme pendant une bonne partie du
film. Notons cependant une bande-son assez énorme qui appuie avec beaucoup de
réussite les scènes de tension du métrage.
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