Malgré ses travers, la saison 1 de Downton Abbey était tout juste assez distrayante pour passer un moment agréable à suivre les pérégrinations de la famille Crawley, bousculée par la mort de leurs principaux héritiers dans le naufrage du Titanic. Mais rapidement, la série avait trouvé ses limites dans une saison 2 mièvre, niaise et insupportable qui avait su, elle, dégoûter votre humble serviteur du show de Julian Fellowes pendant de nombreux mois. Dur de s'y remettre, à la fois craintif de retrouver la niaiserie latente qui fait à la fois défaut et le charme de la série, mais aussi intéressé par des critiques qui semblaient souligner une saison 3 nettement plus intéressante que sa prédécesseur.
Là où les deux premières saisons prenaient chacune un événement historique majeur du début du XXème siècle comme point de départ (le naufrage du Titanic et la Première guerre mondiale), il est nettement plus difficile de déceler un élément déclencheur narratif précis dans cette troisième saison. La décadence de l'aristocratie britannique ? Probable, mais c'est peu clair. Dans tous les cas, on s'intéresse toujours à la vie, aux amours et aux désillusions des nobles et des domestiques dans un contexte social en mouvance complète.
Les premiers épisodes de cette saison 3 ne sont guère intéressant : peu d'enjeux, du moins ces derniers se limitent aux mésententes des domestiques et à la célébration d'un mariage que l'on voit venir depuis le premier épisode de la série. Puis arriva l'épisode cinq, très réussi et qui donne à cette nouvelle saison une once de tragédie qui évite intelligemment les sentiments trop simples. Un épisode qui par la même occasion redistribue les cartes et donne à la série de nouvelles couleurs, qu'elle va exploiter à merveille dans la deuxième partie de saison. On regrettera juste un "Christmas Special" (devenu une habitude de la série), certes intéressant, et au cliffhanger assez surprenant, mais clairement en-dessous de ce qui l'a précédé.
Mieux écrite, avec des personnages qui deviennent plus ambiguës, Downton Abbey surprend dans une saison qui se classe sans problème comme la meilleure à ce jour. Il reste cependant du travail, notamment du côté du casting. Car si certains acteurs sont excellents (Maggie Smith en tête, chacune de ses répliques est un délice, mais aussi Rob James-Collier, Allen Leech et même, à la rigueur, Dan Stevens), d'autres sont tout bonnement catastrophiques (Elizabeth McGovern est nulle, un surjeu ridicule et des expressions faciales terrifiantes, mais aussi Michelle Dockery, qui en plus de se coltiner le personnage le plus vide de sens et d'intérêt de Downton Abbey se permet de jouer comme un élément du décor).
Cette saison 3 de Downton Abbey est au final une réussite. C'est toujours bourré de défauts pour n'importe qui osant prendre un peu de recul, c'est toujours plus mièvre que la moyenne... Mais les multiples arcs narratifs déployés sont nettement plus intéressants à suivre qu'auparavant, évitant certains lichés et n'hésitant pas à détruire (un peu) l'image de marque de certains de ses personnages de marque (j'attends toujours que tout le monde découvre qu'en faites, Bates c'est un dangereux psychopathe... En tout cas le personnage de Ed Speelers n'a pas tort : Bates c'est un peu le mec qui marche sur l'eau de Downton Abbey, infaillible en tout points, ça en devient agaçant). Les amateurs adoreront, ceux qui (comme moi) avaient de grosses réserves sur la saison 1, et encore plus sur la saison 2, seront agréablement surpris. Certainement pas mémorable, mais passionnant.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire