SAISON 4 - AMC
Créée par Scott M. Gimple & Frank Darabont
The Walking Dead serait-elle enfin devenue une bonne série ? C'est la question que l'on pourrait se poser après cette saison 4, en particulier son sprint final. Si la saison un de la série était divertissante, la deuxième montrait déjà de nombreuses faiblesses de construction (la première partie était une purge), alors que la saison trois était un vrai naufrage narratif. La question était de savoir si la saison 4 de la série allait confirmer ou non les faiblesses d'un show plein de promesses mais qui a su en décevoir plus d'un. Initialement dans les mains de Frank Darabont, mais depuis passé sous l'ingérence de deux showrunners différents, la création de la série est un joyeux foutoir. Scott M. Gimple, nouveau venu pour la direction de cette nouvelle saison devait donc faire ses preuves pour succéder à Glen Mazzara, qui s'est occupé de la saison précédente et qui s'était fait évincé faute de différents de vision avec la chaîne AMC.
Plus que jamais, les deux demi-saisons de The Walking Dead sont vraiment distinctes. La première clôt les intrigues de la saison 3 et agit presque dans une continuité réussie de celle-ci. Non sans défauts (quelques épisodes en mousse, notamment les 7 et 8), elle n'en garde pas moins des petites perles (les épisodes 4 et 6). On peut presque considérer cette partie de la saison comme la figuration de Gimple effaçant le travail de Mazzara l'an passé, ce qui n'est pas plus mal. Mais le plus intéressant dans cette saison 4 c'est sa seconde partie. Si les deux premiers épisodes de celle-ci étaient médiocres, la suite s'est révélée excellente. Je suis loin d'être un aficionados du show de AMC, mais il ne fait aucun doute que l'écriture s'est épaissie au profit d'une recherche psychologique, d'une profondeur et d'une intelligence dans la narration que The Walking Dead n'avait presque jamais esquissé. C'est l'apocalypse, et après quatre saisons, on le ressent enfin. Une quête d'identité à travers celle du Terminus, un sens dans le non-sens. L'épisode 12 tant décrié en est d'ailleurs illustration : la vie des protagonistes de The Walking Dead n'a tellement plus de sens qu'ils en viennent à rechercher un verre d'alcool. C'est peut-être peu subtil mais ça a le mérite d'aborder des thèmes que le show n'avait jamais abordé, contrairement au comics. Ce n'est plus un bête combat contre des zombies, un bête combat contre un Gouverneur en carton, The Walking Dead c'est un combat contre soi-même. C'est ce que j'ai attendu pendant ces dizaines et dizaines d'épisodes, que la série commence à se poser des questions sur elle-même, sur ses personnages, soulignant enfin leur ambiguïté, comme le faisait Kirkman dans le matériel d'origine. Le but de Rick n'est plus protéger son fils de la menace zombie, non, son but c'est de le protéger de soi-même. Et c'est à travers ces dilemmes moraux persistants que la série prend une dimension qu'on ne lui connaissait pas du tout, et qui nous fait indéniablement penser au fantastique travail de Telltale Games sur les jeux inspirés des comics (et non de la série).
Et c'est ça le plus triste au final : quatre saisons. Quatre longues saisons pour que The Walking Dead atteigne enfin la maturité qu'elle nous devait. Les zombies ne sont plus qu'un prétexte, tels qu'ils auraient dû l'être depuis le début - et ceux qui cherchent la petite bête en trouvant des incohérences à tout bout de champ n'ont pas compris The Walking Dead (en tout cas la saison 4) et oublient surement que les pierres fondatrices du genre signées Romero étaient aussi dans cette veine : on ne fait pas du zombie pour du zombie, on fait du zombie pour mieux révéler la nature humaine, pour mieux explorer les fondements de notre monde et de notre société - et c'est ce que les six derniers épisodes de cette saison 4 font à merveille : les zombies on s'en fout. Vraiment. Car pour la première fois, dans The Walking Dead, ceux qui sont le plus morts ne sont pas les zombies.
Cette recherche que propose la série n'est pas le seul intérêt de cette nouvelle saison, qui recèle aussi de scènes intenses et de personnages plus que jamais développés. Michonne parle, oui. Darryl a un passé, oui. Rick est un psychopathe, oui. En adoptant des choix de construction scénaristique très risqués (centrer des épisodes sur un seul groupe), The Walking Dead fait peut-être l'un des choix les plus réussis de son histoire : en restant en focus sur quelques personnages au travers d'une intrigue ayant un début et une fin (ou presque) au sein du même épisode, la tension, la puissance de ces épisodes atteint un autre niveau, jusque-là insoupçonné de la part de la série, à l'instar des épisodes 11, 14 et 16 (même si tous les épisodes à partir du 11 sont aussi bons, ceux-ci sortent du lot).
Alors non, ne nous méprenons pas : The Walking Dead est encore loin de l'excellence. Elle a juste atteint un très bon niveau dans sa dernière ligne droite. Tout ce qu'on peut espérer, c'est que Scott M. Gimple reste en place pour la saison 5 et que son niveau se maintienne. Parce qu'après nous avoir livré la meilleure saison (et de très très loin) de la série, il ne peut nous laisser sur notre faim. Surtout que désormais, nos espérances placés dans le show sont plus que jamais très élevées. J'aurais pu en dire encore plus sur cette saison 4, mais je préfère garder mes mots pour la saison 5 - car je l'espère sincèrement, elle sera forcément encore meilleure.
Mais c'est que tu as presque réussi à me convaincre haha. Très bel article, même si moi de mon côté, comme je te l'ai expliqué, cette série ne cesse de me décevoir..
RépondreSupprimerMerci bien ! :D J'avais compris que tu as perdu foi en la série. C'était un peu mon cas, mais je l'ai retrouvé dans cette saison 4, et je dois dire que pour la première fois j'étais impatient à l'idée de découvrir le prochain épisode.
SupprimerAprès je te conseille vivement de regarder "Falling Skies" : après ça, tu trouveras tout plein de qualité dans "The Walking Dead" ! Regarder le pire pour mieux apprécier le meilleur, comme dirait l'autre. On pourra dire plein de méchancetés sur le show, mais ça reste le meilleur survival diffusé actuellement (faut dire qu'en face, entre Falling Skies et Revolution, la concurrence est peu rude).