Mais ne vous détrompez pas : le Tchad est l'un des pays les moins développé du monde. Selon l'IDH (Indicateur de Développement Humain), il serait le quatrième pays le moins développé de la planète devant le Congo, le Niger et le Mozambique. Pour résumer rapidement l'histoire du pays, il fut une colonie française jusqu'en 1960 (dont les frontières furent définies à l'arrache par les européens à sa colonisation, et dont le nom fut repris de celui du plus grand lac du pays). Après cela, le pays fut agité par de nombreux conflits internes (coups d'états, guerres civiles) dont la plupart furent soutenues par l'armée française. En 1990, Idriss Déby renverse Hissène Habré et dirige le pays depuis, avec l'appui de la France, qui le soutient face aux rebelles encouragés par le voisin soudanais dans la continuité du Darfour - même si la paix semble enfin avoir gagné le pays depuis quelques temps. Si le Tchad a pendant longtemps principalement vécu grâce à son coton et à ses bovins, il devient en 2003 exportateur de pétrole.
LE FILM
Mahamat Saleh Haroun est donc le grand cinéaste tchadien. Celui dont on parle beaucoup car il doit représenté près de l'intégralité de l'exportation cinéma de son pays. Le cinéaste quitte son pays en 1982 pour étudier le cinéma à Paris, et c'est en 1999 qu'il devient le premier réalisateur tchadien de l'histoire avec le documentaire Bye Bye Africa. Il réalisera plusieurs films depuis, dont les plus notables sont Daratt (2006) présenté au Festival de Venise, et Un homme qui crie (lauréat du Prix du Jury à Cannes en 2010), et Grigris (présenté à Cannes en 2013 - et qui était plutôt raté). Si son cinéma n'a jamais reçu un succès critique ou public, Daratt est de très loin celui qui réunit le plus les spectateurs, unis concernant le fait qu'il s'agit du meilleur film de Haroun.
Les moyens du film étant assez limités, il est évident que Daratt prend souvent des aspects presque "amateuriste". On lui pardonnera donc une caméra un peu trop fixe, des plans un peu trop longs, qui donnent un certain style au film, mais le rende par la même occasion un peu ennuyant par moments. Il en est de même pour le scénario, en soit relativement simple (un grand-père qui charge son petit-fils de venger le père de celui-ci en retrouvant son assassin, mais le garçon trouve dans le bourreau de son père l'image du père qu'il n'a jamais eu) mais qui trouve surtout son intérêt dans la peinture d'un pays blessé par la guerre qui le ravage depuis un demi-siècle, la construction de personnages par le silence qui ponctue le film.
Daratt est un cri de douleur, sensitivement malheureusement un peu vain et techniquement un peu trop plat, mais qui a manifestement énormément de choses à dire. Les interprètes surjouent un peu, mais ils ont tous une tête sympathique et on finit par oublier les défauts du film d'Haroun pour être hypnotisé par l'engagement de l'oeuvre.
Le cinéma venu d'Afrique nous a donné de meilleurs produits que ce Daratt, intéressant mais pas inoubliable malheureusement. Car si le propos du film est plutôt bien pensé, les moyens trop limités du film et ses aspects plutôt ennuyeux assez récurrents font que, comme d'habitude, le cinéma d'Haroun reste un peu repoussant. Peut-être pas la meilleure des portes pour découvrir le cinéma africain, mais cependant une oeuvre qui peint la situation sociale du Tchad d'une brillante façon.
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