Réalisé par Alfonso Cuaron (2013)
Avec Sandra Bullock, George Clooney
Deux ans. Deux ans que j'attends Gravity. Annoncé d'abord en début d'année 2012, puis décalé à cette même période de l'année il y a un an, finalement le film ne sort que ce 23 octobre 2013 sur nos écrans français, après avoir fait un box-office monstre aux Etats-Unis. Gravity c'est le nouveau film d'Alfonso Cuaron, le mec qui avait réalisé le meilleur film de la saga Harry Potter, Le Prisonnier d'Azkaban, et le magistral Les Fils de l'homme en 2006 (cette filmographie n'est pas exhaustive : il est aussi l'auteur de Et... ta mère aussi et La Petite Princesse qu'on a tendance à oublier), et n'avait rien fait depuis, à part bosser sur ce Gravity. Annoncé de toutes parts depuis quelques semaines comme "le nouveau 2001" et "un véritable chef d'oeuvre" - j'ai tendance à dire qu'il faut tout de même modérer ces propos.
J'ai eu très peur que ce battage autour de Gravity en fasse finalement dans mon esprit une espèce de syndrome de "massification", que le fait que tout le monde en parle finisse par m'en dégoûter, surtout que j'attendais le film depuis des mois, ce buzz positif commençait à m'agacer : j'avais presque l'impression qu'avec la pré-sortie US et les avant-premières, j'étais le dernier péquenaud à ne pas avoir vu le film. J'étais un peu perturbé sur mon siège, au fond de moi je voulais absolument voir le film, au plus vite, mais j'arrêtai pas de me dire "Tu vas le découvrir dans quelques minutes... tu préférerai pas le voir en VO ? Te ramener avec des lunettes 3D un peu moins rayées ?" Oui parce que j'ai vu le film en VF, et mes lunettes étaient dégueulasses. C'est peut-être en apparence futile, mais c'est pourtant d'une grande importance : Gravity n'est pas un film sur lequel on réfléchit, Gravity est un film qu'on vit. Dès les premières images du film, on est dans l'espace, à 600 kilomètres au-dessus de la Terre. Puis bon, entre cette 3D utilisée merveilleusement bien, ces plans-séquences absolument fabuleux (non mais cette scène d'ouverture - quand au bout de plus de vingt minutes Cuaron s'est enfin décider à faire une coupure, j'avais presque envie de dire "Amen") et un réalisme renversant (ça fait plaisir d'avoir enfin un espace silencieux, rien que ça), on en aurait presque le vertige.
Beaucoup critiquent le manque de fond de l'oeuvre : c'est certain que contrairement à un Les Fils de l'Homme, très finaud dans son allégorie de la guerre en Irak, Gravity comporte moins de moelle profonde : pas de propos sous-jasent ici, ni de réflexion sur l'humain... non, juste l'Homme, face à l'immensité de l'espace, des émotions, des sentiments, une maîtrise du genre magistrale. Gravity n'aurait pas marché avec un scénario plus complexe, il aurait sonné faux - alors qu'ici, on se retrouve face à quelque chose qui vous tord l'estomac, qui vous arrache des frissons d'angoisse, qui vous emmène au cœur de ces costumes d'astronaute.
Gravity était un film à l'ambition impressionnante, et son succès est mérité, car un film aussi ambitieux qui arrive à former un produit aussi réussi, ça court quand même pas les rues. L'emploi de superlatifs dans les multiples retours qui fleurissent un peu partout sur le net est justifié, mais peut-être un peu trop important : ne vous attendez pas à un chef d'oeuvre, car le film de Cuaron n'en est pas un. C'est un film qui, si vous rentrez vraiment dedans, vous bouleversera et vous propulsera dans l'espace, mais il ne révolutionnera rien du tout, et reste quand même imparfait : la fin, déjà, pas foncièrement mauvaise mais qui aurait pu être bien plus réussie, cinq/six minutes vers le milieu du film (enfin, je sais pas vraiment à quel moment, j'ai pas regardé ma montre, j'étais vraiment pris dedans) un peu moins réussies... Et aussi, mais c'est pas la faute à Cuaron, un doublage VF très moyen : Clooney ça passe, mais Bullock c'est vraiment mal fait et ça fait passer des "monologues émotion" à la trappe. Un petit "dommage" sur ce coup, c'est pas comme si il y avait quarante acteurs à doubler, un peu plus de temps dessus et ça aurait été bien plus réussi.
Mais ne boudons pas notre plaisir, Gravity ça vous en envoi plein la gueule : c'est beau, c'est impressionnant, c'est bien joué, la réalisation de Cuaron est orgasmique au possible, et le mixage son carrément génial (et si le mec qui s'en est chargé a pas au moins une nomination aux prochains Oscars je boycotte - même si je sais qu'il n'en sera rien, et que bouderai juste les récompenses comme chaque année).
Enfin bref, le moins que je peux vous conseiller c'est de ne pas fonder de trop grandes attentes en Gravity : le film est excellent, mais pas la révolution annoncée. Allez le voir en 3D, car ça vaut le coup, et j'hésite presque à vous conseiller la VO (QUOI??), parce que même si la VF fait parfois mal aux oreilles, rien que pour la beauté des images, il est évident que les sous-titres peuvent déconcentrer... par contre les bilingues, ne vous gênez pas ! Comme dirait l'autre, Gravity ça envoie du steak.
Je suis moi aussi un grand fan de Cuaron et ce Gravity était une grosse attente. Surpris du buzz énorme, mais je crois que dans ce genre de situation il faut très vite prendre du recul.
RépondreSupprimerC'est un super film, le sujet est passionnant et les images sont de toute beauté (le plan séquence du début, ouiiiiiii). Évidemment il fallait s'attendre à des exagérations pour assister à une histoire intéressante mais c'est surtout le duo Clooney - Bullock m'a quand même gêné. Une obligation de la Warner ?
Les Fils de l'Homme reste au dessus selon moi.
C'est clair que ça ne vaut pas "Les Fils de l'homme". Mais le bonhomme est en train de devenir le Orwell du cinéma, hâte de voir la suite de sa carrière, d'autant plus que sa série TV "Believe" (qu'il a écrite) sort dans quelques mois maintenant.
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