Réalisé par Thierry de Peretti (2013)
Avec François-Joseph Cullioli, Aziz El Hadachi, Hamza Meziani, Joseph Ebrarb
J’ai
rarement été seul dans une salle de cinéma – ça a pourtant été le cas pour
Les Apaches. Tourné en 4/3, avec
probablement un budget quasi amateur (on se doute qu’il n’y avait qu’une seule
caméra sur le tournage quand on voit qu’il n’y a que très peu de plans
différents), avec des inconnus, cette histoire de « Cinq adolescents qui
pénètrent dans la maison d’une dame qui, lorsqu’elle s’en aperçoit, prévient un
mafieux local » ressemble souvent à du cinéma amateur.
Le
film se passe en Corse, et au lieu de perdre son temps à montrer de jolis
paysages, les jolies plages et les bars-hôtels-restaurants, Les Apaches s’intéresse plus à la
réalité sociale des banlieues corses. Le film part moyennement bien : la
première demi-heure est cousue de fil blanc. Rarement intéressante, un peu
bancale par moments, vite ennuyante de par son aspect ultra-amateur qui rend
parfois le tout difficilement digeste, tout le monde aura un peu de mal à
rentrer dans l’histoire. Cette première partie est pourtant suivie d’une
deuxième, d’une demi-heure aussi, et c’est réellement là que le film devient
vraiment intéressant : on passe de cinéma amateur trop ambitieux à un
réalisme social qui fait évidemment penser à The Wire, dont on retrouve tous les éléments : absence totale
de manichéisme, scènes d’un réalisme impensable, saleté de la rue et de la
banlieue… J’y ai pensé tout ce temps, Les
Apaches se rapprochait à de nombreuses reprises de la série de David Simon.
La comparaison est d’autant plus forte que le sujet tout comme son traitement
fait penser à l’incroyable Saison 4 du show de HBO : cercle d’amis, milieu
de la rue… sans pour autant égaler ses moments de génie.
Mais
sur cette impression se chevauche une autre : si la comparaison avec
The Wire est toujours d’actualité dans
les dernières vingt minutes, une deuxième comparaison vient se faire sa place
après un gros bouleversement du film : pour ces dernières minutes qui
tiennent du génie, on se retrouve devant un
Stand
By Me inversé, porté par des jeunes acteurs excellents et une intelligence
assez incroyable, portant un regard pessimiste sur des réalités sociales
évidentes. Pour cette dernière partie, on nous propose une vision véritablement
novatrice sur de nombreux problèmes de société actuels.
Les Apaches ne fait pas de concession et se concentre sur des
éléments maîtrisés et probablement connus du réalisateur.
Malgré
ses défauts, la dernière partie des
Apaches
permet de juger le film autrement : le réalisateur utilise la limite de
ses moyens pour rendre le film autrement plus réaliste et plus fort. On
regrette juste que tout le film ne soit pas à la hauteur de ces vingt dernières
minutes. Cependant, on reste dubitatifs quant au fait d’aller voir un tel film
en salles de cinéma, tant un format DVD est largement plus adéquat. Une belle
petite curiosité.
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