Réalisé par James Wan (2013)
Avec Vera Farmiga, Patrick Wilson, Lili Taylor, Ron Livingston
Depuis que je connais l'histoire des Warren, je répète sans cesse que leurs aventures feraient un merveilleux film - je suis fier de dire qu'Hollywood m'a enfin entendu. Et en plus, pas n'importe comment, puisque le film est adapté d'un scénario de Tony DeRosa-Grund écrit en 1999 et qui est adapté des extraits d'interviews/de films qu'a montré Ed Warren en personne à ce dernier. Autant dire qu'il semble que Conjuring s'est renseigné, avant d'être acheté aux enchères en 2009 par Summit Entertainment puis confié à James Wan, le talentueux réalisateur du premier Saw et de Dead Sentence. Si le bonhomme nous avait un peu déçu avec son Insidious bancal mais bien tourné, on était quand même intéressé par son nouveau film qui, puisqu'il part d'un scénario vieux de quinze ans (et qui n'est donc en rien dans le calibrage actuel du film d'épouvante) et qu'il se déroule dans les seventies, promettait un "retour aux sources" prometteur.
Et voilà une réussite, une vraie réussite dans un genre qui traîne les pieds depuis dix ans où ses seuls réussites étaient justement des films à l'ancienne (La Dame en Noir) ou des films venus de l'étranger (L'Orphelinat). Ce qui est fort dans Conjuring, c'est que James Wan se réapproprie tous les clichés du film d'exorcisme, mais semble les maîtriser et les fondre dans le film si bien qu'on flippe devant des trucs si bateaux (portes qui claquent, allumettes qui s'éteignent, corps en lévitation...) mais qui sont pour le coup assimilés par le cinéaste qui ne les utilise pas juste "pour faire genre". L'effet que donne Conjuring se rapproche probablement de ce qu'on aurait pu ressentir devant L'Exorciste il y a quarante ans : Wan est un grand cinéaste - son propos, il le construit de bout en bout, et il sait clairement tenir une caméra (y a des plans splendides, l'atmosphère 70' est monstrueuse...), à défaut de savoir diriger ses acteurs qui, s'ils sont parfois bons, ne sont jamais impressionnants (pas de Jason Miller, non). Voilà un film d'horreur qui est beau, qui dégage une atmosphère réelle, qui ne se base pas sur des effets gores ridicules mais préfère donner dans une certaine finesse.
Alors oui, on pourra critiquer un final qui, s'il est identique à la "réalité", n'est pas original pour un sou et très convenu, mais dans l'ensemble de ses presque deux heures de film, Conjuring s'impose comme un incontournable du cinéma d'épouvante moderne : à la fois somptueusement beau et maîtrisé, plongeant le spectateur dans une atmosphère seventies réussie (qui joue beaucoup en sa faveur), se basant sur des effets d'épouvantes certes déjà vu mais assimilés, et surtout, proposant une "histoire vraie" passionnante et aussi carrément instructive sur la démonologie et le surnaturel - même si on y croit pas, c'est quand même renseigné et réaliste sur ces thèmes (je parle des Warren, pas des fantômes qu'ils traquent).
Alors oui, Conjuring a ses défauts, même importants, et peut-être que la deuxième partie est moins flippante que la première (mais non moins réussie), mais ça fait quand même véritablement du bien de voir un film d'épouvante clairement réussi et angoissant là où 90% de la production concurrente fait plus rire qu'autre chose. Doté d'une maîtrise narrative et visuelle évidente, d'une bande-son du tonnerre, mais c'est aussi grâce à son sujet en or massif, on tient probablement ici un film qui fera date dans le genre, et peut-être l'un des meilleurs films d'exorcisme depuis le premier du genre de Friedkin il y a quarante ans. Rien que ça. Mais putain, qu'est-ce que James Wan va foutre sur Fast & Furious ?
Bien content de lire ça, même si pour le coup je suis carrément plus enthousiaste ^^
RépondreSupprimerJ'ai quand même trouvé que c'était pas non plus absolument parfait : la fin est convenue, y a des scènes largement moins efficaces que d'autres... C'est très bon, voir excellent, mais j'ai modéré mon enthousiasme.
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