Et je dois dire que même les détracteurs devraient se montrer admiratifs du travail des D&D pour gérer de si belle façon une bonne dizaine d'arcs narratifs, et quatre fois plus de personnages principaux - Game of Thrones est de loin la série chorale la plus réussie de l'histoire de la télévision, et personne ne pourra le nier. Après, c'est là qu'on remarque, encore plus que dans le livre, la faiblesse de certains de ces arcs : comme dans le livre, la partie où tout réussi à Daenerys est au final un peu casse-burnes quand on l'a met en parallèle de ce qui se passe sur le continent de Westeros, alors que je trouve que l'arc de Bran qui était un supplice dans le bouquin a été ici très bien traité (les acteurs choisis pour les Reed sont géniaux - il faut le dire). Quelques maigres retenues aussi pour ce qui se passe chez Theon - car même si sa scène de l'épisode 10 est géante (cette saucisse - cette façon d'amener l'identité de Ramsay - cette façon d'amener le personnage de Schlingue), d'autres, tirées en longueur et étrangement multipliées, sont un peu gênantes et répétitives, mais c'est secondaire - Iwan Rheon, choisi pour le rôle de Ramsay Bolton, est excellent.
La relation Jaime/Brienne est très bien retranscrite à l'écran - faut dire que dans le livre, elle est juste passionnante et j'ai ressenti devant la scène de l'ours (The Bear and the Maiden Fair !) ce que j'avais ressenti dans le livre : ces moments où Martin fait du romantisme, un peu de beauté sanglante dans son oeuvre gigantesque. La scène des bains de Harrenhal est dans cette même veine, et le monologue de Jaime Lannister durant cette scène est tel qu'il s'agit sans doute de l'une des meilleures scènes toutes saisons confondues. Du côté de Arya / La Fraternité Sans Bannières / Sandor Clegane / Gendry c'est aussi une plutôt bonne surprise - le duel à l'épée de feu est très bon, Clegane est encore plus fascinant que dans le livre, Maisie Williams est depuis longtemps l'une des meilleures actrices de la série, et si ils ont fait de gros changements sur Gendry afin de limiter le nombres de personnages (pas besoin d'introduire un Edric Storm), tout retombe sur ses pattes grâce à la fin de la saison, et on se dit que c'était bien pensé.
Chez Jon Snow c'est relativement fidèle - ou du moins quand ça ne l'est pas, c'est bien arrangé. Ciarin Hinds, le Mance Rayder télévisé, est d'ors et déjà très bon, et si leur Tormund m'avait un peu déstabilisé au premier abord, je dois dire que j'étai été bien plus convaincu au fil des épisodes même si je peine à le voir dans les événements de A Dance With Dragons. La scène de l'épisode 9 (et sa "mythique" - dans les livres - presque rencontre avec Bran et Jon Snow) est bien la meilleure de toutes, avec un sublime combat.
On passera outre les intrigues à Port-Réal - elles sont moins importantes dans la première partie de A Storm of Swords et ça se ressent, même si certaines sont géniales (les scènes du Conseil Restreint, très très réussies, ou encore le mariage de Tyrion et Sansa, qui m'a bien plus retourné que dans le bouquin), mais on ne peut oublier l'arc Robb / Catelyn, à l'origine de la meilleure scène de l'histoire de la série - et des livres au passage, ou alors pas loin.
Les Noces Pourpres. The Red Wedding. Ces quelques mots qui effraient depuis longtemps les lecteurs des bouquins de Martin - de notoriété public la scène la plus marquante et la plus choquante des livres, ramenant des souvenirs presque estompés de la mort de Ned Stark dans le premier livre. En faites, c'est surtout qu'en deux livres, il n'y avait pas eut de réels événements aussi choquants - c'est comme si Martin nous disait « Hé, les mecs, vous vous rappelez quand j'ai décapité le papa Stark ? Bah c'était pour vous donner un message - You Win Or You Die - Remember ? » Outre l'intelligence folle de l'écriture de la scène et son inscription dans une continuité narrative qui la définit presque comme une évidence (qui a dit Shakespeare ?), c'est surtout la furie qu'elle a déchaîné qui a été plaisante à voir. Tous les lecteurs y sont passés. Y compris moi. Et le fait de savoir dès l'annonce des titres des épisodes (The Rains of Castamere - c'est cramé que c'est l'épisode neuf si on a lut les livres) lequel d'entre eux retracerait ces fameux événements avait un aspect presque divin : et il faut dire que même si l'épisode 9 m'a retourné autant que dans le livre, le plus amusant était de voir les non-lecteurs y réagir (700 000 publications sur Twitter et Facebook dans les un jour après l'épisode à propos de celui-ci - c'est presque du jamais vu).
Du jour au lendemain, les Noces Pourpres sont devenues l'une des scènes les plus choquantes, terrifiantes et surprenantes de l'histoire de la télévision. Cette saison 3 a battu des records - Game of Thrones n'est plus un simple show, c'est un véritable phénomène, la série la plus téléchargée de l'histoire, et les épisodes ne font pas les meilleurs scores du monde c'est parce qu'HBO est payante. Mais il est évident que Game of Thrones n'est pas loin d'être la série la plus suivie de l'histoire de la télévision, et c'est à mettre en parallèle avec ses réussites artistiques. On notera aussi la grande qualité de la bande originale de Ramin Djawadi, son meilleur travail toutes saisons confondues (Mhysa, ou encore les variations orchestrales sur The Rains of Castamere), et aussi les progrès évidents sur la mise en scène (celle des deux derniers épisodes, réalisés par David Nutter, est excellente - de magnifiques plans, dont le plan final de l'épisode 10, ou encore les dernières scènes de Peyredragon et de Bran) alors qu'il s'agissait jusque alors de l'un des principaux "défaut" de Game of Thrones. De même que la performance de nombreux acteurs : si on crachait sur Emilia Clarke et Kit Harrington pour les précédentes saisons, il faut dire que le second s'est sensiblement amélioré jusqu'à devenir l'un des acteurs les plus en vue de la saison - il en est pareil pour Michelle Fairley, avec sa performance étonnante dans l'épisode 9. On est toujours ébahi devant un Peter Dinklage ou un Charles Dance, une Lena Headey ou un Alfie Allen, mais les performances du casting intégral sont encore plus impressionnantes, et on a ici le meilleure casting pour une série depuis The Wire. Les moyens ont grossi aussi, et si certains critiquaient les effets spéciaux des saisons précédentes, ici on est ébahi devant la qualité numérique de certains passages, qui rivalisent sans problème avec des films à gros budget.
Game of Thrones - Saison 3 a fait un pas. Un pas qu'il fallait faire dans la série et dans le monde de la télévision. Aucune série n'est aussi épique, aussi passionnante. Certains voient certains longueurs, moi je voit le déploiement sans limites de dizaines d'intrigues qui vont toutes converger vers les événements futurs : des événements encore plus sanglants, encore plus sauvages, encore plus terribles, encore plus choquants. Game of Thrones n'est pas seulement la meilleure série actuellement divisée, c'est devenu en trois saisons la plus grande oeuvre audiovisuelle de fantasy jamais créée - devant Jackson, devant tant d'autres. D'une qualité scénaristique qui n'est plus à démontrer, toujours plus terrible et choquante, comme si on avait cru avoir oublié Baelor, d'une qualité visuelle encore plus magnifique, avec des plans de plus en plus ambitieux, des moyens de plus en plus grands (j'ose à peine imaginer le budget), des acteurs se surpassant sans cesse, mais aussi une bonne d'ose de frissons, de sentiments chamboulés. A l'image du monologue (original car n'apparaissant pas dans le livre) de Littlefinger : « Chaos is a Ladder. » Ce chaos c'est Game of Thrones. Une montée en puissance qui n'a pas finit de nous surprendre et de gravir un échelon de plus. La meilleure série en production de la télévision contemporaine. Point.
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