Réalisé par Werner Herzog
Avec Klaus Kinski, Ruy Guerra, Helena Rojo
Film d'aventure ouest-allemand (1975)
Résumé :
En 1560, une troupe de conquistadors espagnols descend de la montagne à la recherche de l'Eldorado. Mais l'équipée s'enlise dans les marais. Une plus petite expédition est alors constituée, placée sous la conduite de Pedro de Ursua et de son second, Lope de Aguirre, qui devra reconnaître l'aval du fleuve sur des radeaux. Aguirre, aventurier ambitieux et brutal, manoeuvre habilement pour proposer à ses compagnons un nouveau chef, le falot Fernando de Guzman, promu solennellement "empereur du Pérou et de l'Eldorado"...
Le Nouveau Cinéma Allemand des années 60/70, inspiré par ailleurs directement par nos étendards nationaux de la Nouvelle Vague (Godard, Truffaut, Chabrol, ... pour ne citer qu'eux) est marqué par quatre cinéastes en particulier (il y en a d'autres, pas la peine de me gueuler dessus, il s'agit là d'une liste non-exhaustive et j'invite à ceux qui ne connaissent pas à aller sur des sites particuliers si ils veulent plus de noms) : Wim Wenders, Werner Schroeter, Rainer Werner Fassbinder et Werner Herzog, ce dernier étant le réalisateur de Aguirre, der Zorn Gottes, traduit sobrement en France sous le titre de Aguirre, la colère de Dieu. C'est l'histoire d'une troupe de conquistadors rebelles à la recherche de l'Eldorado sous les ordres du cruel Lope de Aguirre. A noter que Lope de Aguirre a réellement existé, ainsi que l'histoire contée par le film, grandement remaniée pour le coup mais si vous voulez une version plus historiquement viable, allez vous dorer le citron devant El Dorado de Carlos Saura. Puisque le but d'Herzog n'est pas de retranscrire fidèlement l'histoire d'Aguirre, mais plutôt d'en utiliser les ressorts pour en faire une rencontre des genres, entre film d'aventure, tragédie classique et film contemplatif.
Inutile de dire qu'
Aguirre est un chef d'oeuvre, vous vous en doutiez déjà. Mené par un Klaus Kinski au sommet de son art (Il paraîtrait qu'il était invivable sur le plateau... ou plutôt en pleine jungle. Mais rien n'empêche qu'il joue, pardonnez le jeu de mot lié au titre, comme un Dieu). Werner Herzog est un grand cinéaste, enchaînant des plans riches en sens au cadre magnifique. On pense plusieurs fois à
Apocalypse Now (cette remontée du fleuve et des scènes qui sont très semblables), mais finalement, sur le thème abordé, les deux n'ont finalement que très peu de points communs : là où Coppola s'intéressait à la guerre en elle même, Herzog monte un cheminement philosophique sur la mort, son affrontement et son acceptation.
Les décors sont splendides, la reconstitution est incroyable, les scènes sur air de musique inca sont carrément grandioses - si on en ressort pas forcément grandit sur le message du film, on est avant tout bouleversé par tant de maestria pure, une oeuvre de grande classe mené avec génie.
Il est certain qu'Aguirre fait partie des plus grandes réussites du cinéma germanique, et d'une façon plus large, du cinéma en général. Interprété magnifiquement, doté d'une mise en scène risquée et réussie et d'un parti pris historique qui avait tout du casse-gueule, Aguirre se révèle rapidement une référence absolue du genre, tant elle inspire encore aujourd'hui encore les délires visuels historiques dont on citera Valhalla Rising de Refn, résumant avec éclat toute la portée du cinéma d'Herzog : hypnotique, fort et intelligent.
Je veux le voir depuis longtemps celui là mais j'oublie tout le temps ! J'éspère seulement que ce n'est pas aussi étrange que Valhalla Rising où je suis passé à côté du trip.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé Valhalla Rising mais si ça se rapproche de Aguirre (c'est évident que c'est l'une des inspi de Refn pour son film), ça reste un film beaucoup plus accessible!
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