Réalisé par Makoto Shinkai
Avec Hisako Kanemoto, Kazuhiko Inoue, Miyu Irino
Film d'animation japonais (2011)
Résumé:Une jeune fille ordinaire, Asuna, rencontre un mystérieux garçon, Shun. Mais celui-ci disparaît mystérieusement après lui avoir parlé du monde d'Agartha, souterrain et exauçant les voeux les plus chers. Avec l'aide de son nouveau professeur, elle va tenter de rejoindre ce lieu mythique.
On doit notamment à Makoto Shinkai, très peu connu du grand public ailleurs qu'au Japon, les contemplatifs 5 Centimètres par Seconde et La Tour au-delà des nuages. Mais après un succès peu faramineux de ces deux premiers films, il s'est lancé dans le projet de réaliser un film d'aventure initiatique... Qui a dit Ghibli ? Oui parce que la comparaison est normale, car Voyage vers Agartha (qui sortira en juillet en DVD en France, distribué par Kazé comme les précédents films de Shinkai) aka Hoshi o Ou Kodomo aka Children who chase lost voices from deep below est d'une inspiration évidente à l'univers Ghibli. Mais pas totalement finalement.
Le tout commence comme un quelconque Chihiro : cet enfant mystérieux, la jeune fille innocente, le pays imaginaire... Mais Shinkai ne fait pas l'erreur de copier l'un des plus grands succès de l'histoire du Japon, car il allie avec génie les références évidentes à Chihiro, Terremer ou Le Chateau dans le Ciel avec une histoire tout à lui, et une atmosphère aussi. Car contrairement à Ghibli, il n'y a pas d'humour dans son film, le tout restant globalement très triste d'autant qu'il s'agit d'un sujet des plus grave : le deuil, la mort.
A partir de là on sait qu'on aura pas droit à un simple copié/collé de l'oeuvre de Miyazaki. Car rien qu'au niveau du dessin, on a affaire à du neuf : quand Shinkai se plaignait du travail titanesque qu'il avait dut fournir sur ce film, on comprend pourquoi : les dessins, les paysages sont parfaits. Beau, contemplatifs, vastes, infinis, avec un trait absolument magique. D'un point de vue graphiste, il n'y a pas à dire, Voyage vers Agartha est ce qu'on peut appeler de "parfait" dans la japanimation. C'est surement même meilleur que les productions Ghibli, c'est même certain.
Là où Shinkai ne copie pas Ghibli aussi, c'est sur sa volonté moraliste : il réutilise bien sur les thèmes environnementaux et sur la bêtise de l'Homme, si chers à Miyazaki et Takahata, mais ce sujet est vite mis en recul par rapport à un autre : celui du deuil. Une morale véritablement réussie sur le fait d'accepter la mort, avec notamment cette phrase de Shin : "La malédiction de l'Homme c'est de vivre en acceptant la perte". C'est à partir de là que Voyage vers Agartha prend un intérêt réel, car certes, le monde d'Agartha est merveilleux, mais il n'a pas l'originalité ni la poésie de ceux de Miyazaki, idem pour les intrigues, malgré des scènes d'actions excellemment bien foutues.
Agartha récupère toute sa force dans sa morale, son fond et son atmosphère des plus tristes et des plus réussies, car si ce n'est pas un coup de génie, ça n'en est pas loin. Shinkai se révèle avec Agartha comme un véritable artisan, comme il l'était prédit il y a dix ans. Agartha est un film à part dans son filmographie, mais c'est surement aussi son plus abouti, réunissant à la fois un graphisme hors du commun, une morale parfaitement dosée et des références bienvenues. Bien sur il y a des défauts, c'est d'ailleurs un peu long parfois (c'est du Shinkai, on est habitué), mais ça reste un bien bon moment de cinéma et un très bon dessin-animé japonais. Le haut du panier, en quelque sorte.
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