Réalisé par Rupert Wyatt
Avec James Franco, Andy Serkis, Tom Felton
La Planète des Singes était à l'origine un conte philosophique cachée sous le récit de roman post-apocalyptique de l'écrivain français Pierre Boulle, datant de 1963. A peine cinq ans plus tard sort une adaptation d'Hollywood qui n'a pas résisté à cette histoire de singes prenant le dessus sur les Hommes. Le film de Schaffner restera dans les mémoires pour sa morale anti-nucléaire, et marquera le début du retour de la Science-Fiction au cinéma, et du film catastrophe. Un classique qui donnera lieu à quatre suites plus ou moins risibles, et plus ou moins engagées, qui ne resteront pas dans les mémoires. Une série ne contenant qu'une saison existera en 1974, mais restera un flop. Une série animée sortira un an plus tard, Return to the Planet of the Apes, et restera elle aussi un ratage complet. Ces multiples échecs laisseront la franchise en or en stand by, et on la crut morte pendant des années. Il y a certes eu en 1987, Le Temps des Singes chez nos amis nippons, mais le temps fera du film de Schaffner un classique de la Science-Fiction. C'est en 2001 que contre toute attente sortit une réadaptation (qualifiée injustement de remake, car la version de 2001 respecte bien plus le livre de Pierre Boulle que le film de 1967) du réalisateur gothico-fantastique Tim Burton. Le film décevra les fans de Burton, mais les amateurs de SF et du roman d'origine - comme moi - y trouveront leur compte dans ce blockbuster pleine d'action et avec une certaine philosophie non-négligeable. On annonce une suite, mais Burton la refuse. Le projet tombe à l'eau. C'est en 2009 qu'on entend de plus en plus parler d'une possible préquelle très proche de La Conquête de la Planète des Singes, quatrième volet de la saga des années 70. La réalisation est confiée au quasi-inconnu Rupert Wyatt, qui annonce déjà que, même si le film se rapproche plus du film de Burton que celui de Schaffner, il s'agit d'une préquelle à part, totalement détachée du reste, qui s'inscrit dans la mythologie et non dans la saga. Les singes sont créés pour la premier fois en images de synthèse (motion capture pour le coup, comme Gollum).
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Le regard du singe César est troublant de réalisme. |
Autant dire que même si on a pas affaire à un classique, ce nouveau volet est une claque : dénonçant l’esclavagisme, la maîtrise de la nature, les manipulations génétiques et l'Homme en général, le film réalise le pari insensé de se révéler supérieur techniquement et philosophiquement à celui de 1968. Il n'aura surement pas le statut de classique, mais a le mérite de le surpasser dans ces domaines. Mais le plus bluffant est sans doute le singe César : interprété en motion capture par Andy Serkis (qui a déjà interprété de la même façon Gollum, King Kong et le capitaine Haddock), le singe, comme les autres d'ailleurs, dégage un réalisme implacable qui donne déjà l'évidence que la motion capture fait un nouveau bond de géant dans le cinéma moderne. César est sans doute la meilleur création informatique depuis le Clu de Tron Legacy. Le film est bourré de scènes excellentes : on pense à la scène du "NON!", qui a donné suite à un silence terrifiant dans la salle. Pas un bruit. Le silence des spectateurs, pourtant nombreux, choqués par tant de réalisme et de perfection dans cette scène. Le film a certes ses défauts, mais dégage surtout, contrairement aux autres adaptations, de l'émotion. De la véritable émotion. Certes, le film critique la maltraitance des singes, mais livre un hommage excellent à la relation entre James Franco et César. La scène de la séparation finale est troublante de beauté. On a plaisir à voir Tom Felton dans un nouveau rôle de bad guy qu'il interprète à merveille.
La Planète des Singes : les origines n'est peut-être pas un chef d’œuvre mais livre une claque resplendissante: un film qui choque, qui marque, qui fait même presque peur (pas une peur instantanée mais à long terme, comme Les Dents de la Mer). Techniquement parfait et révolutionnaire, scénaristiquement inventif, intelligent, engagé et émouvant, un excellent film à découvrir car il se révèle un enrichissement certain.
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